«J’avais si faim d’amour que je me suis fait des pâtes» est une satire désopilante des excès et des dérives du développement personnel. Décortiquant l’obsession contemporaine de l’amour de soi, Siham Benchekroun livre un ouvrage qui mélange humour et satire sociale, dépeignant les absurdités des promesses irréalistes des vendeurs de bien-être.
Symi, quarantenaire, célibataire à contrecœur et bonne poire, est au cœur de ce récit paru le 27 mai. «Obsédée par sa quête d’amour et de bonheur, elle suit à la lettre les conseils des magazines, des publicités, des coachs et de tous ceux qui prétendent détenir les clés du bonheur. Ce zèle, toutefois, la laisse plus frustrée et malheureuse qu’auparavant», explique Siham Benchekroun.
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Symi est déconcertée par son insuccès sentimental. «Elle se sent tiraillée entre les attentes de sa famille qui insiste pour qu’elle se marie à tout prix, et l’image des héroïnes indépendantes et libérées des écrans de cinéma et de télévision. Au fond d’elle, c’est un personnage à la Candide qui débarque dans le monde du développement personnel. Comme on lui reproche de ne pas assez s’aimer et qu’on lui répète que c’est la principale cause de ses échecs, elle décide de se consacrer avec ferveur à l’amour d’elle-même», renchérit l’autrice.
Une obsession, une absurdité
Symi traverse toutes les étapes d’une relation amoureuse avec elle-même: rencontre, séduction, désir, passion, jusqu’à l’usure de la routine, dans une sorte de mono-couple déconcertant. «En quête d’amour, nous sommes prêts à tout essayer, à écouter tous les “gourous du bonheur”. Cependant, lorsque cette quête se transforme en obsession, elle devient absurde. L’un des excès les plus consternants est la promotion sans filtre de l’amour de soi, une approche dangereuse si elle ne prend pas en compte le fait que nous sommes des individus dans une société. On ne peut pas s’aimer sans aimer les autres, on ne peut pas comprendre ses besoins sans comprendre les besoins des autres. Nous ne sommes pas des électrons libres», ajoute-t-elle.
Dans son roman, Siham Benchekroun met en garde contre les «vendeurs de bien-être» qui promettent un bonheur perpétuel. «C’est un mythe», affirme-t-elle: «la vie est faite de difficultés et de facilités, de moments heureux et malheureux. On prend tout, on prend tout le paquet».
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«J’avais si faim d’amour que je me suis fait des pâtes» promet donc d’être un voyage littéraire aussi drôle qu’enrichissant, une œuvre qui, tout en nous faisant rire, nous invite à réfléchir sur notre rapport à nous-mêmes et à notre quête de bonheur. Avec une plume alerte et percutante, Siham Benchekroun signe ici un roman incontournable qui fera, sans aucun doute, beaucoup parler de lui.
Médecin, psychothérapeute, Siham Benchekroun a été pionnière dans le journalisme médical marocain en fondant le premier groupe de presse spécialisé dans la santé et en dirigeant plusieurs revues professionnelles à destination des soignants ainsi qu’une chaîne télévisée médicale. Militante associative, elle est membre active au sein de plusieurs associations de soutien de malades ainsi que des associations de défense des droits des femmes ou d’enfants vulnérables.
Écrivaine engagée, elle a publié des romans, nouvelles, poèmes, et essais en langue française. Ses écrits traitent particulièrement de la condition féminine ainsi que de la relation homme-femme dans la société marocaine. Parmi ses écrits «Oser vivre», roman best-seller enseigné dans diverses écoles et universités, ainsi que «Chama», un roman, et «Amoureuses», un recueil de nouvelles qui a décroché le Prix Grand Atlas en 2012.