Rétrospective. Vingt ans après son décès, Arman s’expose au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain

Le Piano, sculpture d'Arman, offerte au Musée Mohammed VI d'art contemporain par sa veuve Corice Arman, désormais exposée sur le parvis du Musée Mohammed VI d'art moderne et contemporain à Rabat.

Le 23/05/2024 à 14h02

VidéoLe Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI) de Rabat présente à partir de ce jeudi 23 mai une exposition rétrospective exceptionnelle, intitulée «Arman: l’objet de l’art».

Organisée par la Fondation nationale des musées (FNM), en collaboration avec The Arman Marital Trust, cette exposition réunit 67 œuvres emblématiques de ce pionnier du mouvement des Nouveaux réalistes et retrace son parcours créatif des années 50 aux années 2000. L’évènement, en hommage au talent visionnaire de l’un des artistes les plus importants du 20ème siècle, explore les innovations plastiques d’Arman à travers des thématiques diverses telles que les «Accumulations», les «Coupes et colères» et les «Combustions». L’exposition, intitulée «Arman, l’objet de l’art», marque le début des célébrations du vingtième anniversaire de sa disparition et coïncide avec les dix ans d’existence du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI).

«Avoir une rétrospective, 20 ans après la disparition d’Arman, c’est extraordinaire», s’enthousiasme Mehdi Qotbi, président de la FNM, qui rappelle que l’exposition a été réalisée grâce au soutien de l’épouse de l’artiste, Corice Arman. Cette dernière a en outre procédé à la donation d’une sculpture de l’artiste, «Le piano», qui viendra enrichir la collection du MMVI et qui est déjà exposée sur le parvis du musée.

Arman, de son vrai nom Armand Pierre Fernandez, est né le 17 novembre 1928 à Nice, et décédé le 22 octobre 2005 à New York. Au début des années 1960, il signe le manifeste du Nouveau réalisme avec ses collègues artistes Yves Klein, Martial Raysse et Jean Tinguely. Rejoint plus tard par César et Christo, le mouvement cherche à rapprocher la vie ordinaire de l’art et propose des réflexions sur la dégradation des valeurs humanistes en raison de l’industrialisation et du consumérisme.

Une première exposition marocaine d’Arman, dès 1971, à Casablanca

Ce n’est pas la première fois que les oeuvres d’Arman se donnent à voir au Maroc. «Arman a exposé ses œuvres en 1971 à la galerie Venise Cadre à Casablanca. Il serait très fier d’être de retour ici, lui qui possédait des collectionneurs au Maroc. D’ailleurs, la plupart des pièces exposées proviennent de New York, de Paris, mais aussi de Casablanca. Il y a une grande partie des œuvres de qualité muséale qui proviennent de collections marocaines», révèle Jérôme Neutres, commissaire de l’exposition. On l’aura compris, c’est donc le galeriste Lucien Amiel, propriétaire de cet espace d’art, décédé en 2021, qui a été le premier à montrer les œuvres d’Arman dans nos contrées.

«Combustions: The Day After» est l’une des séries préférées de sa veuve. Dans un échange avec Le360, elle raconte ainsi comment l’artiste avait réussi à trouver le moyen de restituer la beauté des objets incinérés. «Nous étions à un dîner à Paris, et Arman se plaignait de ne pas arriver à rendre esthétiques les objets brûlés. Trois semaines plus tard, nous avons reçu un paquet par courrier. C’était très lourd, très bizarre. Lorsque nous l’avons ouvert, nous avons découvert un morceau de bois. Cela provenait d’une personne qui avait une fonderie, et qui était présente au dîner de ce soir-là. Il avait écouté ce qu’Arman disait et lui avait en quelque sorte montré comment il pouvait faire du bois avec du bronze. Ainsi est née cette série, l’une de mes préférées», se souvient Corice Arman.

Comme d’autres sculpteurs utilisent la glaise ou le bois, Arman a fait des objets manufacturés la matière première de son art. Et comme le dit si bien le commissaire de l’exposition, transmettre aux nouvelles générations l’histoire de ce langage singulier, devenu universel, que constitue l’œuvre d’Arman est aussi une façon de raconter l’histoire de l’art contemporain.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mennane
Le 23/05/2024 à 14h02