Rachida Dati au Maroc: renforcement de la coopération culturelle franco-marocaine, avec le cinéma comme point focal

La ministre de la culture française Rachida Dati et Mohammed Mehdi Bensaïd, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication. (K.Essebar/Le360)

Les deux jours de la visite au Maroc de Rachida Dati, ministre française de la Culture, ont été marqués par la signature de neuf accords de coopération culturelle entre le Maroc et la France, avec une importance particulière accordée au secteur du cinéma et de l’audiovisuel.

Le 19/02/2025 à 12h01

La visite au Maroc de Rachida Dati, ministre française de la Culture, les 17 et le 18 février, a été marquée par la signature de neuf accords stratégiques entre le Maroc et la France, avec comme principal objectif le renforcement la coopération entre les deux pays dans le domaine du cinéma et du patrimoine audiovisuel. Les accords, dont ceux conclus entre le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) français, le ministère marocain de la Culture et la Cinémathèque marocaine, s’inscrivent dans une dynamique de préservation, de valorisation et de diffusion du patrimoine cinématographique marocain.

L’un des engagements majeurs concerne l’identification et la restitution des archives et films marocains conservés en France. À cet effet, un comité de pilotage sera mis en place entre le CNC et la Cinémathèque marocaine afin de recenser les films marocains et ceux sur le Maroc, stockés dans les collections françaises, et de les rendre bien accessibles au public marocain.

Dans ce cadre, l’Institut national de l’audiovisuel (INA) français mettra à disposition de la Cinémathèque marocaine un corpus d’archives audiovisuelles sur le Royaume et accompagnera la structuration de son plan de développement et de formation. La Bibliothèque nationale de France (BNF) apportera également son soutien en fournissant un ensemble d’archives et de fonds sonores liés au Maroc, notamment des enregistrements Pathé réalisés entre 1911 et 1937 dans plusieurs villes marocaines. Aussi, la BNF participera à la formation des équipes de la Cinémathèque marocaine pour renforcer leurs compétences dans la gestion des collections cinématographiques.

Enfin, l’Institut français jouera un rôle clé dans la diffusion et la valorisation du catalogue de la Cinémathèque Afrique, qui sera mis en avant par la Cinémathèque marocaine à travers des projections et des événements culturels. Ces initiatives s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à faire des industries culturelles et créatives un levier central du partenariat franco-marocain.

La Cinémathèque marocaine, gardienne de la mémoire cinématographique

Ces accords ont été annoncés à l’occasion de l’inauguration de la Cinémathèque marocaine, un ambitieux projet qui vient compléter la politique culturelle du Royaume en faveur du cinéma. Lors de son allocution, la ministre française a souligné l’importance de cette institution pour la conservation et la diffusion du patrimoine cinématographique. Elle a aussi rappelé que le cinéma a besoin d’un espace dédié, non seulement pour les professionnels, mais aussi pour la jeunesse, afin de répondre à son besoin croissant d’éducation à l’image.

Profitant de cette occasion, Rachida Dati a rendu hommage aux professionnels du cinéma marocain, mettant particulièrement en avant le rôle des femmes réalisatrices. Elle a notamment salué le travail de Narjis Nejjar, directrice de la Cinémathèque, ainsi que celui d’Asmae El Moudir, dont le premier long-métrage, «La Mère de tous les mensonges», a remporté le prix de la mise en scène à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2023.

Elle a également insisté sur le dynamisme du secteur cinématographique marocain et sur l’histoire commune entre la France et le Maroc à travers le cinéma, rappelant l’importance des nombreuses coproductions et l’intérêt mutuel des cinéphiles des deux pays pour leurs films respectifs.

Engagement pour la préservation du patrimoine cinématographique

Rachida Dati a également annoncé une initiative symbolique en faveur de la préservation du patrimoine cinématographique marocain. Dans le cadre du renforcement de la coopération, elle a remis à la Cinémathèque marocaine les copies numériques de 12 films tournés au Maroc entre 1912 et 1954, dont certaines des toutes premières images filmées du Royaume. Ces films, d’une exceptionnelle valeur patrimoniale, viennent enrichir le fonds cinématographique marocain et permettront de mieux documenter l’évolution culturelle et historique du pays.

Voici dans le détail les neuf accords signés à Rabat

1- Accord entre le CNC et la Cinémathèque marocaine sur la mise en place d’un comité de pilotage pour recenser les films marocains conservés en France et faciliter leur restitution et leur mise à disposition du Maroc.

2- Accord entre l’INA et la Cinémathèque marocaine, à travers lequel l’institution française fournira un corpus d’archives audiovisuelles sur le Maroc et accompagnera la Cinémathèque dans la structuration de son développement et de sa formation.

3- Accord entre la BNF et la Cinémathèque marocaine, au titre duquel la BNF partagera des archives et des fonds sonores liés au Maroc, dont des enregistrements Pathé (1911-1937), et formera les équipes marocaines à la gestion des collections cinématographiques.

4- Accord entre l’Institut français (IF) et la Cinémathèque marocaine pour valoriser le catalogue de la Cinémathèque Afrique à travers des projections et événements culturels.

5- Accord entre le CNC et le ministère de la Culture du Maroc visant à renforcer la coproduction cinématographique entre les deux pays et à faciliter la mise en œuvre des nouveaux projets.

6- Accord pour l’organisation d’un atelier de coproduction lors du Festival de Cannes, afin de favoriser les échanges entre les professionnels du cinéma marocains et français.

7- Accord pour l’appui à l’ouverture d’une antenne de l’Institut supérieur des métiers de l’audiovisuel et du cinéma (ISMAC-France) à Dakhla, dans le but de favoriser la formation des futurs professionnels du cinéma et développer des partenariats avec l’Afrique.

8- Accord de déclaration d’intention dans le domaine du patrimoine audiovisuel et du cinéma, qui formalise la volonté des deux pays de travailler ensemble sur la préservation et la valorisation du patrimoine cinématographique.

9- Accord sur le patrimoine, signé entre le ministère de la Culture du Maroc et l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP), portant sur la coopération en matière de recherche archéologique, de conservation du patrimoine bâti et de valorisation du patrimoine matériel et immatériel. Il prévoit notamment des échanges de savoir-faire entre experts marocains et français, ainsi que la mise en place de programmes conjoints de formation et de restauration des sites historiques marocains.

Par Qods Chabâa
Le 19/02/2025 à 12h01

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