Frais, pétillant, incisif, insolent, éclairé et abrasif à souhait. Un «Post blonde» de Valérie Morales-Attias? On en redemande. On s’en abreuve. On y revient inlassablement, et on se surprend encore et encore à sourire, à sursauter, à chasser une larme, à étouffer un cri.L’idée est originale. L’auteur de «La peau des fantômes» revient nous enchanter et nous surprendre avec un livre où elle nous fait partager quatre ans de coups de griffe, coups de cœur, sourires en coin, clins d’œil malicieux, et l’on va de claques en caresses, car ça claque et ça grince, et ça aime, surtout, avec désespoir et cynisme parfois, avec une belle fragilité gorgée d’émotion quand elle parle de ses filles qui lui ressemblent, pas de doute, taguent «les murs de leurs chambres» et lui disent «Mais maman, c’est de la liberté d’expression!», avec humour surtout et toujours. Un livre trépidant et rebelle où Valérie Morales Attias reprend… ses publications sur Facebook! Une idée ingénieuse, car ses chroniques sont bourrées d’esprit. Et en les mettant ainsi bout à bout, elle nous offre une nouvelle version, furieusement moderne, du journal intime. Où l’intimité est d’images de mondes, de fracas de mondes, de parfums, de frissons, d’émerveillements. Ouvrez le livre, vous ouvrirez une porte sur ces tourbillons de mondes qui vous happeront sans que vous ne vous y attendiez. Et l’on s’y laisse prendre avec délice pour se laisser porter, bousculer, étreindre par les mille et un instants de la vie d’une femme, ses passions, ses hantises, ses indignations, ses folies, ses amours. Le Printemps arabe, un café, à Casablanca, «dans la brasserie Marcel Cerdan» où il y a «de vieilles photos, une énorme illustration marquée «champion du monde», Piaf sur les murs, terrifiante en bichromie et, oh surprise! Un petit bureau PMU pour jouer aux chevaux et un juke-box», des anecdotes, des faits divers, des blagues casablancaises, du Gucci, du Dior, du Chanel et «une bande de crétins sur i>Télé (…) qui affirme avec un aplomb très pénible que la Tunisie est le seul pays de la région à avoir une élite», Nietszche, Céline, Rousseau qui pleurniche, «avec méthode», certes, mais bon, des bagues casablancaises, les aussi candides que bouleversants élans de maman qui voit grandir ses filles, leur demande de venir à Casablanca quand elles disent vouloir voir le monde et s’entend répondre qu'il s'agit de «voir le monde. Pas sa mère!» Vous l’aurez compris. Il n’est pas question de songer un instant à résumer le livre de Valérie Morales-Attias. Entrez-y. C’est tout.
Par Bouthaina Azami
Le 22/01/2015 à 15h00




