Le sacré pari de Nabyl Ayouch

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Mardi soir, a eu lieu la projection du documentaire "My Land" du cinéaste marocain. Une oeuvre qui tente de concilier mémoire figée des réfugiés palestiniens et conceptions des jeunes israéliens.

Le 18/09/2013 à 09h26

"My Land", un documentaire où Nabyl Ayouch essaie de faire rencontrer virtuellement de vieux réfugiés palestiniens au Liban et des jeunes israéliens qui, vraisemblablement, ne connaissent pas toute l'histoire sur le conflit-israélo-palestinien. "Ce conflit ne m'a jamais quitté", dit le cinéaste dans les premières minutes du film, en voix off. "Il a forgé ma conscience politique", poursuit-il. Pour rappel, Nabyl Ayouch est lui-même enfant de père musulman et de mère juive. C'est dire qu'il est lui-même marqué par cette "fêlure". Comme il l'affirme dans ce documentaire, ce travail l'a aidée "à forger sa conscience politique".

Installer un dialogue impossible

Tout au long de cette oeuvre, la caméra est constamment en posture de "va-et-vient" entre des camps de réfugiés palestiniens au Liban et en Israël. En premier lieu, la parole est donnée à des exilés palestiniens forcés de fuir leur village en 1948. Ensuite, le cinéaste sollicite des israéliens, jeunes pour la plupart, et leur propose de visionner, sur un ordinateur, les interviews qu'il a faites avec les Palestiniens. Au fur et à mesure, Ayouch s'efface pour leur céder la parole.

Côté palestinien, les réfugiés glorifient la vie passée en Palestine, et revendiquent, à une exception près, le droit au retour. Côté israélien, l'éventail est plutôt large et varie d'une jeune femme qui aimerait que les palestiniens cessent d'évoquer le passé et d'adopter une posture de victime, à celle qui est convaincue qu'Israël doit cesser d'être un "Etat uniquement juif" pour devenir un pays où pourraient cohabiter, en harmonie, juifs et arabes. On découvrira aussi une jeune fille préoccupée par son quotidien et qui préfére laisser ce problème aux "experts en la matière". Outre ces profils, nous retrouvons également un jeune homme, sincère, mais rongé cependant par un soupçon de culpabilité pour ces familles qui ont été "déportées". Ce dispositif virtuel installé par le cinéaste marocain visait une discussion bi-latérale que, malheureusement, la vie "réelle" n'arrive pas forcément à instaurer. Pari gagné pour Nabyl Ayouch.

Par Wadii Charrad
Le 18/09/2013 à 09h26