La tête à l’envers, les artistes marocains dénoncent leur précarité en temps de pandémie

Les artistes marocains dénoncent leur précarité sur les réseaux sociaux.

Les artistes marocains dénoncent leur précarité sur les réseaux sociaux. . DR

C’est sous les hastags #yuda #stop #baraka que de nombreux artistes marocains dénoncent sur les réseaux sociaux la précarité dans laquelle ils ont sombré depuis le début de la pandémie du Covid-19 et appellent le gouvernement à l'aide.

Le 10/05/2020 à 14h17

Du jour au lendemain, avec les mesures prises dans le cadre de la crise sanitaire, les acteurs du monde artistique et culturel se sont retrouvés démunis, sans aucune visibilité professionnelle et sans aucune aide.

Avec l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes, les tournages ont été suspendus, les équipes cinématographiques mises au chômage forcé. Outre le cinéma, ce sont tous les métiers de la culture, du livre, de l’évènementiel, mais aussi les lieux d'exposition des arts plastiques qui souffrent aujourd’hui d’une situation intenable.

Sur WhatsApp les groupes se multiplient, des lettres ont été envoyées au ministère de tutelle mais pour le moment, les artistes baignent dans le flou artistique le plus total.

Ils se sont donc emparés des réseaux sociaux, lieu d’expression de la vox populi, pour faire connaître leur situation en postant un message de SOS et leur photo à l'envers.

ⵢⵓⴷⴰ #Yoda #Stop #Baraka#كفى #يودا

Posted by Mohamed El Khomais on Saturday, May 9, 2020

"Je suis un artiste et je proteste", clament-ils à l’unisson, appelant à la solidarité avec "chaque artiste qui a choisi ce métier comme ressource essentielle pour sa vie quotidienne".

Et de poursuivre d’une même voix: "la situation actuelle de l'artiste au Maroc est basée sur l'inconnu... Et le gouvernement tarde à reconnaître ses droits en tant que professionnel actif".

Travaillant pour le plupart en tant qu’indépendants, disposant quelquefois d’une patente et pas toujours d’une couverture sociale, les acteurs culturels peinent à faire reconnaître leurs droits à des aides.

Certains, notamment les techniciens du cinéma, se sont ainsi vu conseillés de prétendre à l’aide destinée aux non-ramédistes comme le rapportait Le360 dans un précédent article

Mais cela est loin d’être suffisant… Fort heureusement, le nouveau ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports, Othman El Ferdaous, semble prendre la chose au sérieux.

Sur Twitter, il a ainsi annoncé le 1er mai le déblocage de la somme de 13,3 millions de dirhams à destination du FNAC, Fonds National Action Culturelle, afin d’aider les artistes et les professions du monde du livre. 

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Les métiers des arts ne sont pas en reste, avec près de 124 dossiers de subventions de soutien aux Arts au titre de 2019 pour 7,7 millions de dirhams, répartis de la façon suivante: "52% au théâtre, 44% aux musiques et arts chorégraphiques, ainsi que 218.000 dirhams pour 10 projets d'arts plastiques (peinture et photographie)", explique Othman El Ferdaous. Une bouffée d'air, même s'il s'agit là d'arriérées et non pas d'une action spécifique à la crise actuelle.

Le même jour, le ministre a également annoncé la liquidation des arriérés de soutien à l'Edition et au Livre (librairies, revues culturelles, sensibilisation à la lecture, remboursement participation salons internationaux).

Une aide qui concernerait plus de 721 dossiers à hauteur de 5,6 millions de dirhams (dont 176 dossiers qui dataient de 2016 et 2017).

Enfin, le nouveau ministre de la Culture annonce d'autres soutiens à venir, qui seraient à l'étude pour 2020.

"Viendra le temps du déconfinement et de la relance du secteur culturel qui joue un rôle critique dans la résilience des chaînes de valeur touristique, éducative, audiovisuelle et digitale" déclare-t-il, toujours sur Twitter. 

Toutefois, malgré les annonces de Othman El Ferdaous, la mobilisation du côté des artistes et des techniciens ne faiblit pas. Car pour le moment, ces aides n'ont fait l'objet que d'annonces. Ce sont des actions urgentes que ce ministère doit entreprendre pour permettre aux artistes et aux professionnels des arts et de la culture de maintenir leurs activités, sinistrées par le coronavirus.

Par Zineb Ibnouzahir
Le 10/05/2020 à 14h17