La création de la Fondation Mohamed Choukri a longtemps été un projet qui a peiné à voir le jour. Aujourd’hui, ce projet cher à nombre d’intellectuels et proches de l’écrivain du "Pain nu", semble enfin vouloir se concrétiser dans sa ville de Tanger, dans le cadre de la 9ème édition du Festival méditerranéen de la culture amazighe (Twiza). Cet événement fera prochainement l’objet d’une conférence de presse lors de laquelle seront dévoilés le local destiné à accueillir la Fondation, ainsi que ses membres constitutifs et le programme qu’ils auront mis en œuvre.
L’initiative de cette Fondation revient au Festival qui a, pour cela, été soutenu par l’Union des écrivains du Maroc (UEM) et la Commune urbaine de Tanger qui a décidé de lui octroyer un appartement et une subvention de 100.000 dirhams pour ses activités culturelles. Ces décisions tant attendues ont été saluées par nombre d’acteurs culturels, et ceci par-delà les frontières marocaines. HommageCette initiative vient à point nommé pour rendre hommage à un grand écrivain au dixième anniversaire de sa mort, avec l’intention de promouvoir la culture dans son sens le plus large, une culture questionnant l’ici et tournée vers l’ailleurs, une culture qui tirerait les leçons de cet écrivain à la fois ancré dans sa terre du Nord et condamné à un perpétuel exil de par son abrasive, bouleversante approche ou interpellation du monde.
Né en 1935 dans un village berbère du Rif, Mohamed Choukri a vécu dans une famille très pauvre dont il s’extirpera dès l'âge de onze ans pour se perdre dans les rues de Tanger. Arrêté à l’âge de 20 ans, le jeune homme, encore analphabète, apprendra à lire et écrire derrière les murs d’une prison, grâce à un compagnon de cellule. Il ressortira fort de cette expérience qui lui permettra de prétendre à un poste d’instituteur et, surtout, de nous offrir l’une des plus belles œuvres de la littérature maghrébine. Mohamed Choukri aura rencontré Paul Bowles, Jean Genet, Tennessee Williams. Ecrit en arabe, son roman "Le pain nu" sera traduit en français par Tahar Benjelloun après avoir connu un succès monumental suite à sa traduction en anglais, en 1973, par Paul Bowles lui-même.