Le magicien et humoriste Kader Bueno, grand amoureux du Maroc, a pris goût aux tours de magie dans les montagnes, dans la région de Marrakech. Après une première expérience réussie l’année dernière, en toute logique, il est revenu.
Le centre culturel Les Etoiles de Jemaâ El Fna lui a ouvert ses portes. Il est allé à la rencontre des enfants et a fait leur bonheur en remplissant un carton vide de plein de bonbons et de jouets. L’artiste raconte, dans cet entretien pour Le360, comment un accident, survenu alors qu’il avait deux ans, a transformé sa vie.
Votre surnom Kader Bueno fait allusion à un œuf-surprise. Comment l’avez-vous choisi?La vérité, ce nom, je ne l’ai pas choisi, on me l’a imposé. J’ai toujours été gros, je mangeais beaucoup de chocolat et un ami à moi m’a appelé un jour Kader Bueno et tout le monde s’est mis à rigoler. Je me suis dit: tiens, c’est un bon surnom, je vais le garder et je vais l’emmener le plus loin possible.
Vous avez découvert et appris la magie sur un lit d’hôpital. Jusqu’à quel point votre histoire personnelle a-t-elle été déterminante dans votre carrière?J’ai beaucoup réfléchi avant de raconter cette histoire, car c’est très personnel et c’est dur pour moi. Mais au final, je la raconte pour montrer aux gens qu’il y a toujours du bien derrière un mal. Il y a un bien qui se cache derrière le mal.
J’avais deux ans, j’ai eu un grave accident. Une casserole m’est tombée dessus, je me suis brûlé la tête. J’avais de grosses brûlures, le bras, le dos, la jambe et j’ai fini à l’hôpital. A l’âge de 8-9 ans, j’ai eu plusieurs complications. J’ai commencé à faire des allers-retours à l’hôpital. Pour moi, en tant qu’enfant, j’avais l’impression que la Terre m’est tombée dessus. Je ne comprenais pas pourquoi j’avais une enfance compliquée, pourquoi ça a créé des problèmes dans la famille, pourquoi ça m’a défiguré, pourquoi je ne suis pas ci, pourquoi je ne suis pas cela…
Mais finalement, avec le temps, j’ai compris que je suis devenu magicien grâce à cet accident… Lorsque j’étais à l’hôpital, j’ai découvert un coffret de magie dans la salle de jeux et j’ai joué avec ces accessoires. J’ai alors remarqué que tous les enfants qui étaient avec moi à l’hôpital ont commencé à me parler, alors que j’étais rejeté… Et j’ai donc voulu faite de la magie pour avoir des amis.
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J’ai fait cela des mois et des mois. Et lorsque ma famille avait des difficultés financières en France, j’ai commencé à faire de la magie dans la rue à Paris. Les touristes ont commencé à me donner de l’argent, j’aidais ma famille et au fil des jours, des directeurs de castings, des propriétaires de restaurant me proposaient du travail… Petit à petit, je me suis fait connaître…
La magie est souvent vue comme étant mystique… Comment un magicien peut-il transmettre ses jeux de rôle sans révéler ses secrets?Pour les anciens, la magie, dans leur tête, reste toujours quelque chose de mystique, de surnaturel. Ce sont des pouvoirs. Alors qu’en réalité, la magie, c’est de la manipulation, de la technique, des mouvements qu’on apprend, qu’on répète. C’est de la fluidité, de la dextérité, et cela s’apprend. C’est comme faire du piano. Tu apprends une note, après tu commences à jouer pleins de notes. Un tour de magie, c’est un sur 20. On n’apprend pas directement comment voler, comment faire disparaître. Il y a une différence entre transmettre et révéler.
Tous les tours de magie des prestidigitateurs mondiaux se ressemblent. Quelle place reste-t-il à la créativité?La magie, c’est toujours apparition, disparition, transformation, lévitation et mentalisme. On ne peut pas développer d’autres sens. Sauf que la créativité apparaît lorsqu’on crée un tour de magie en lien avec ta personnalité, ton histoire, ton originalité.
Moi, lorsque je suis sur scène, mon but, ce n’est pas de faire un tour de magie pour dire à tout le monde: regardez comme je suis fort.
Lorsque je raconte l’histoire de l’hôpital par exemple, j’aimerais dégager la sensation que j’avais sur le moment. C’était trop de souffrance et tout ce que je voulais, c’était disparaître. Donc, je vais disparaître sur un lit d’hôpital et réapparaître au fond de la scène. Ce qui importe, c’est à qui tu fais le tour, à quel moment, et pourquoi. Et on ajoute la disparition.










