Estimée entre 100.000 et 150.000 livres sterling, soit entre 1.240.782 et 1.861.173 dirhams, la toile intitulée In Morocco, récemment découverte, permet de jeter un regard nouveau sur l’œuvre si dense du peintre irlandais Sir John Lavery, témoin de la première guerre mondiale et célèbre pour ses portraits, notamment celui de la Reine Victoria qui fera sa renommée.
Un premier voyage au Maroc, à Tanger, en 1891, va profondément marquer le peintre qui restera profondément attaché à la ville du Détroit, où il va d’ailleurs acquérir une maison quelque temps plus tard, Dar El Midfah, où il se rendra jusqu’en 1920.
C’est précisément à cette période que Sir John Lavery a peint In Morocco, une œuvre qui fait partie de la même collection familiale depuis son acquisition dans les années 1930 et dont la redécouverte est qualifiée par Matthew Bradbury, directeur de la section art moderne britannique et irlandais de Bonhams, d’«évènement majeur».
In Morocco est en effet l'une des nombreuses œuvres que Lavery a peintes au début de 1920, entre sa maison de Dar El Midfah, à Tanger, et la Villa Harris où les Lavery séjournaient pendant la préparation de leur propre demeure.
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L'identité exacte des trois personnages figurant sur le tableau est inconnue, mais il se peut qu'il s'agisse du comte et de la comtesse de Pembroke et de leur fille, Lady Patricia Herbert, qui séjournaient à Tanger à l'époque et ont rendu visite plusieurs fois aux Lavery, explique par ailleurs le site britannique Newsletter à ce sujet.
Le Maroc, une histoire d’art et de coeurMais cette toile marocaine n’est pas la seule de Sir John Lavery à figurer dans cette vente aux enchères. En effet, figure aussi dans le catalogue, Jasmin, peinte à Fès en avril 1920 par le même artiste. Cette année là, Sir John Lavery, son épouse, sa belle-fille et une amie de la famille, Nora Clark-Kerr, ont séjourné dans une maison qui leur avait été prêtée par El Menebhi, ministre de la Guerre du sultan Moulay Abdelaziz, et dont Lavery avait précédemment peint le portrait. Jasmin, a quant à elle, été estimée entre 60.000 et 80.000 livre sterling, soit entre 744.469 et 992.625 dirhams.
Ce n’est pas la première fois que des toiles réalisées pendant la période marocaine de Lavery sont mises en enchères. En 1999, l’œuvre Early morning, Tanger, datant de 1911, a ainsi été mise en vente chez Christies, à Londres, et a été estimée entre 150.000 et 250.000 livre sterling, soit 1.240.782 et 3.111.974 dirhams.
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De son vivant Sir John Lavery a par ailleurs dédié plusieurs expositions dans des galeries à sa période marocaine, qui débute en 1891 lorsqu’il découvre le pays. Il cède alors avec enthousiasme à la beauté de la lumière, des vastes étendues et de l’immensité de l’horizon azuré qui caractérisent d’ailleurs les peintures de cette période. Ainsi, près de la moitié des tableaux présentés par l’artiste lors d'une exposition à la Goupil Gallery de Londres, plus tard la même année, ont été réalisés pendant son séjour marocain.
Plus tard, en 1904, une autre exposition aux Leicester Galleries comprenait une introduction de catalogue rédigée par l'ami écossais de l'artiste, Robert Cunninghame Graham, qui rendait hommage à la ville de Tanger où Lavery passait une grande partie de son temps.
Et enfin, en 1908, une autre exposition de l’artiste à Londres consacrait le Maroc et les vues de Tanger, réalisées depuis le toit de l’hôtel Continental où il croquait les toits de la ville contrastant dans leur blancheur avec le bleu du ciel.