Chanteuse malienne à la voix puissante, Rokia Koné incarne une nouvelle génération d’artistes enracinés dans les traditions tout en regardant vers l’avenir. De Bamako à Djoro, elle trace son chemin entre transmission, fierté culturelle et ouverture au monde, comme en témoigne sa belle collaboration avec Asmaa Hamzaoui au Festival Gnaoua d’Essaouira.
Son engagement dépasse la scène: à travers sa musique, elle célèbre les voix féminines, souvent marginalisées dans les sphères traditionnelles, et leur redonne toute leur légitimité. Porte-parole d’une culture vivante, elle mêle mémoire et modernité, avec une sincérité qui touche le cœur autant que l’âme.
Le360: Vous avez réalisé une résidence artistique avec l’artiste Asmaa Hamzaoui et Bnat Timbouktou au Festival Gnaoua d’Essaouira. Quelles similitudes voyez-vous entre la musique gnaoua et les traditions ancestrales bamana?
Rokia Koné: Je suis très heureuse de cette collaboration avec Asmaa Hamzaoui. J’ai découvert beaucoup de choses et cela m’a une fois de plus rappelé que la musique moderne puise ses racines dans la musique ancienne. Ce que l’on appelle aujourd’hui «moderne» a toujours une source traditionnelle. J’ai énormément appris durant cette résidence et je souhaite que cette collaboration ne s’arrête pas là, qu’elle se prolonge dans le temps. Il est essentiel de préserver cette âme commune. Quand on s’unit, on devient plus fort et on va plus loin.
«amako ne représente pas pleinement mon identité. Je voulais revenir à mes racines profondes. C’est ainsi qu’est née cette nouvelle appellation. De « rose » à « princesse », il y a une évolution naturelle, et c’est tant mieux.»
— Rokia Traoré, chanteuse malienne
Au début de votre carrière, on vous surnommait «la rose de Bamako». Aujourd’hui, on vous appelle «la princesse de Djoro». Comment cette évolution s’est-elle faite et comment la vivez-vous?
En réalité, «la princesse de Djoro» découle directement de «la rose de Bamako». C’est Ava Sangaré, mon homme de confiance avec qui j’ai beaucoup collaboré, qui m’a donné ce surnom. Ma nouvelle équipe de management a estimé qu’il fallait marquer une nouvelle étape dans ma carrière, lui donner un nouvel élan, notamment à l’international. Bamako ne représente pas pleinement mon identité. Je voulais revenir à mes racines profondes. C’est ainsi qu’est née cette nouvelle appellation. De «rose» à «princesse», il y a une évolution naturelle, et c’est tant mieux.
Vous avez grandi entourée des chants de votre grand-mère. Quel rôle cet héritage familial a-t-il joué dans votre parcours?
J’ai été élevée par ma grand-mère, aujourd’hui âgée de 98 ans. C’est elle qui m’a tout transmis. Grâce à son enseignement, j’ai pu arriver là où je suis aujourd’hui. Pour moi, tradition, musique et grand-mère forment un triptyque fondamental. Je lui suis profondément reconnaissante pour tout ce qu’elle m’a appris et apporté.








