Metteur en scène éclectique des "Sorcières d'Eastwick", du film d'animation "Happy Feet", pour lequel il a reçu un Oscar, et de "Mad Max: Fury Road" cette année, George Miller, 70 ans, est le représentant d'un cinéma bien différent de l'univers d'Ethan et Joel Coen.
Incarnant un cinéma plus populaire, plus spectaculaire et moins intellectuel, l'Australien décernera la Palme d'or avec son jury à l'issue de la manifestation, qui se déroulera du 11 au 22 mai, ont annoncé mardi les organisateurs du festival."Quel immense plaisir! Etre au cœur de ce Festival chargé d'histoire qui dévoile les joyaux du cinéma mondial, débattre des heures passionnément avec mes compagnons de jury, c'est un grand honneur. Je ne manquerais ça pour rien au monde!", a déclaré George Miller, cité dans le communiqué.
A la fois réalisateur, scénariste et producteur, George Miller s'inscrit dans une génération de cinéastes australiens ayant émergé dans les années 80, à l'instar de Peter Weir ("Le Cercle des poètes disparus", "The Truman Show") ou Bruce Beresford ("Miss Daisy et son chauffeur").
Il a vu sa carrière décoller en 1979 avec son premier long métrage, "Mad Max", film d'action violent qui a lancé Mel Gibson, inconnu à l'époque. Jouant sur les codes du road movie, du western et de la science-fiction, le film connaît un succès planétaire.
Suivront "Mad Max 2, le défi" (1981) et "Mad Max: au-delà du dôme du tonnerre" (1985) puis, trente ans après, "Mad Max: Fury road" (2015), présenté l'an dernier hors compétition au Festival de Cannes.
Des cochons et des manchots
Ce quatrième volet de la saga, avec l'acteur britannique Tom Hardy dans le rôle culte du justicier de la route "Mad" Max Rockatansky --incarné par Mel Gibson dans les trois premiers opus--, a connu un succès en salles et reçu un bon accueil critique, plaçant George Miller sous les feux des projecteurs cette année.
"Mad Max: Fury road" a obtenu dix nominations aux Oscars, qui seront remis le 28 février, notamment dans la catégorie "meilleur film" et "meilleur réalisateur". Il a déjà reçu neuf prix dimanche lors de la cérémonie des Critic's Awards à Hollywood, décernés par les critiques de presse américains, dont celui du meilleur film d'action.
Outre la série "Mad Max", George Miller a expérimenté plusieurs autres genres cinématographiques.
En 1983, il a réalisé après John Landis, Steven Spielberg et Joe Dante, le dernier épisode du film à sketches "La Quatrième Dimension", en hommage à la série américaine du même nom des années 60.
Il a également réalisé la comédie fantastique "Les Sorcières d'Eastwick (1987) avec Jack Nicholson, Cher, Susan Sarandon et Michelle Pfeiffer ou le drame intimiste "Lorenzo" (1992) avec Nick Nolte, Susan Sarandon et Peter Ustinov, pour lequel il a été nommé aux Oscars dans la catégorie "meilleur scénario".
S'intéressant ensuite au conte animalier, il produit et écrit en 1995 "Babe, le cochon devenu berger", mêlant numérique et trucages. Cette histoire d'un cochon qui tente d'échapper à la casserole en se rendant indispensable reçoit plusieurs nominations aux Oscars.
Il récidive en tant que scénariste-réalisateur avec "Babe 2, le cochon dans la ville" (1998). Puis il revient à la réalisation sept ans plus tard avec "Happy Feet", mettant en scène un manchot de l'Antarctique, qui reçoit l'Oscar du meilleur film d'animation en 2007.
Il tourne ensuite "Happy Feet 2", sorti en 2011, avant de revenir à ses premières amours avec "Mad Max".
Le Festival de Cannes, présidé par le journaliste et homme d'affaires Pierre Lescure, annoncera ultérieurement la composition du jury.
L'an dernier, il avait couronné "Dheepan" du Français Jacques Audiard et fait la part belle au cinéma hexagonal.