Gad Elmaleh: «Il y a une grande attente du public marocain et je l’assume, même si cela met une certaine pression»

Gad Elmaleh, humoriste. (K.Sebbar/Le360)

Le 04/09/2025 à 20h02

VidéoLors de la présentation de son prochain spectacle «Lui-même», qui aura lieu les 25, 26 et 27 septembre à Casablanca, Gad Elmaleh nous a accordé un entretien. Il s’est confié sur son spectacle, son identité marocaine ou son rapport apaisé au monde.

Gad Elmaleh sera de retour à Casablanca les 25, 26 et 27 septembre pour présenter un spectacle intime et personnel, Lui-même. Dans ce nouveau one-man-show, qu’il décrit comme une «autobiographie scénique», l’humoriste aborde les thèmes de la cinquantaine, du bonheur, de l’apaisement et de la transmission. Devant notre caméra, l’humoriste a approfondi la réflexion sur son identité, son spectacle ou son rapport à la nouvelle génération d’humoristes marocains.

Le360: Votre spectacle Lui-même, prévu fin septembre à Casablanca, se veut plus introspectif. En quoi diffère-t-il de vos précédents shows?

Gad Elmaleh: Ce spectacle est avant tout intime. J’y partage avec le public une question essentielle: comment trouver l’apaisement et le bonheur dans ce monde? J’y aborde des sujets sans craindre la réaction du public, comme la mort, qui est d’ailleurs traitée dans l’une des scènes les plus hilarantes. Auparavant, je me demandais si certains sujets pouvaient choquer. Maintenant, je propose, j’assume et je défends mes choix thématiques. C’est la même chose pour la religion ou l’argent. Quand on croit vraiment en ce que l’on dit, le public nous suit.

«Siéger au conseil d’administration du théâtre Royal de Rabat est une immense fierté. Avoir été nommé par le Roi Mohammed VI et travailler aux côtés de Son Altesse Royale Lalla Hasnaa est un grand honneur. »

—  Gad El Maleh, humoriste

Vous personnalisez souvent vos spectacles au Maroc. Qu’avez-vous déjà observé à Casablanca?

Je viens d’arriver, il est donc encore tôt. Mais je compte revenir quelques jours avant le spectacle pour m’imprégner de l’énergie casablancaise, de cette folie que je connais bien. Tout peut être source d’inspiration: les phrases entendues dans la rue, l’attention des fans… J’aime aussi observer les évolutions sociales, culturelles ou urbanistiques de la ville. Tout cela me permet de créer un spectacle sur mesure, afin que le public marocain se sente unique. Il y a une grande attente, je le sais, et je l’assume, même si cela met une certaine pression.

Vous êtes membre du conseil d’administration du Théâtre Royal de Rabat. Certains disent que vous pourriez en devenir le directeur artistique. Est-ce vrai?

Non. Siéger au conseil d’administration est déjà une immense fierté. Avoir été nommé par Sa Majesté le roi Mohammed VI et travailler aux côtés de Son Altesse Royale Lalla Hasnaa est un grand honneur. Mon rôle est d’apporter mon expérience d’artiste marocain qui a joué partout dans le monde. Nous travaillons collectivement pour préparer l’ouverture de ce théâtre, qui est un véritable joyau. J’ai eu la chance de me produire à New York, Sydney, Dubaï, Hong Kong ou encore Shanghai, mais je peux vous dire que le Théâtre Royal de Rabat est l’une des plus belles salles du monde.

Quand ouvrira-t-il ses portes?

Dès que le travail sera achevé. Nous avançons ensemble sur ce chantier artistique et culturel, qui sera un haut lieu de la culture marocaine et mondiale. From Morocco to the World.

«Être immigré, c’est beau, et cela peut même créer de l’emploi.»

—  Gad El Maleh, humoriste

Vous avez récemment insisté sur votre identité marocaine, refusant le qualificatif de «franco-marocain». Cela a-t-il créé des tensions en France?

Jamais. Je n’ai ressenti ni désamour ni tensions. Pour moi, affirmer ma marocanité est naturel. Ce n’est pas une posture, juste ce que je suis. On a peut-être cru que j’étais irrité, mais en réalité, je m’interrogeais sur ce besoin d’étiquettes: pourquoi être forcément «franco-marocain» ou «américano-marocain»? On peut simplement être marocain, vivre ailleurs et contribuer au monde. Cela n’enlève rien à l’amour que j’ai pour la France. Être immigré, c’est beau, et cela peut même créer de l’emploi.

«J’aime voir Mimo Lazrak, Ethan Lalouz, ou encore Jalil Tijani au travail. J’admire aussi Asmaa El Arabi, même si elle se produit surtout sur les réseaux sociaux.»

—  Gad El Maleh, humoriste

Vous parlez de transmission. Peut-on s’attendre à un Comedy Club à Casablanca?

Pas pour le moment. J’en ai déjà ouvert un à Marseille, le Vig’s, avec deux amis d’enfance casablancais. Mais je collabore avec le festival Comédia Blanca, qui aide les jeunes humoristes marocains. Je veux être un relais, leur tendre la main et leur donner de la visibilité. Si un Comedy Club voyait le jour à Casablanca, je serais ravi d’y jouer et de le soutenir.

Quels humoristes marocains admirez vous?

J’échange beaucoup avec certains. J’aime voir Mimo Lazrak, Ethan Lalouz ou encore Jalil Tijani au travail. J’admire aussi Asmaa El Arabi, même si elle se produit surtout sur les réseaux sociaux. J’ai une grande affection pour mon ami Hassan El Fad et je pense à Hanane Fadili également. Aujourd’hui, la nouvelle génération ne demande qu’à être accompagnée, qu’elle s’exprime en darija ou en français. Il faut leur passer la main.

Informations pratiques

Les 25, 26 et 27 septembre 2025 au complexe Mohammed V de Casablanca. Les billets sont en vente sur Ticket.ma

Par Qods Chabâa et Khadija Sebbar
Le 04/09/2025 à 20h02