«Big Data Djihad», c’est une histoire d’amour vache, de réseaux sociaux HS, des émotions édulcorées, un Dieu qui ne compte que les larmes des femmes, un monde «qui pue la merde» car peuplé de «trous de balles». Dans un registre cru, Hicham Lasri dépeint donc une humanité enracinée dans la peur, qui fait le sel du monde moderne.
Le360 vous convie à découvrir les bonnes feuilles d’un roman décrivant un anti-héros génial, qui casse Internet pour punir une influenceuse qui l’a quitté, sans que toutes les polices du monde ne parviennent à savoir ni comment, ni pourquoi.
Elle voulait un mariage, à la manière des femmes qui ne pensent qu’à ça et n’en parlent jamais frontalement. Ils font jouer le vaudou féminin, le pouvoir surnaturel de persuasion implicite, ces moments où le ciel s’éloigne de nous, elle voulait que je fasse la demande sans que cela affaiblisse sa place dans notre «couple».
La Pute de Dos rêvait d’une situation, elle a beau le cacher avec ses fausses dents et son nez retaillé au burin dans un gros blair de mouton. A quoi œuvre le maçon? A polir sa pierre brute pour en enlever les aspérités et la préparer pour l’usage auquel elle est destinée.
Dans le cas de la Pute de Dos, la pierre est son gros pif terraformé en nez artificiel à la mode Michael Jackson. La Pute de Dos, ma rose, est de «basse extraction», jolie formule pour dire que c’est une va-nu-pieds des bidonvilles de Cacablanca.
Toute la basse matière n’est-elle pas en ascension? Ne s’affine-t-elle pas jusqu’au pur mauvais esprit? Pour faire monter la pisse en dépit d’elle-même, il faut d’abord la transmuter en vapeur. Elle doit d’abord être touchée par l’esprit purificateur du feu au cul. Ça ne suffit pas de fixer l’horizon.
Il vaut mieux laisser l’océan où il est. Elle voulait s’élever, se faire, exister, traverser la couche de merde sociale qui l’enrobe depuis sa naissance, cette coiffe qui scintille comme une couronne.
Elle savait qu’elle avait une brillance, la pure, une lumière, le scintillement de cette peau satinée qui capte les yeux même par la plus grise des journées. Elle a tout fait pour faire jouer cette incandescence, pour en faire une aura sexuelle aveuglante.
Sortir de la misère? Se faire une place au soleil ou sous la lune de la déesse Diane. Exister par-delà les cloisonnements sociaux. La pauvreté, ça use quand on commence enfant. Je peux comprendre son côté crevard, sa rage, ce côté soiffard des petits bonheurs de la vie. Elle s’est moutonnée suffisamment face à la vitrine de la vie, elle voulait entrer dans la boutique, être aspirée par la fête dionysiaque qui se joue à guichet fermé depuis toujours.
Oui, elle voulait «naître», sortir du vagin de la misère comme elle est sortie de celui de son père, en jouant des coudes et en braillant. Elle sait qu’elle a tiré le gros lot dans la loterie génétique. Sur GradientTM, elle était à 77% Viking et 1% du Vatican. Tu parles d’une bâtardise. La Pute de Dos, elle en voulait au monde, ou alors c’était plus clichétique, une histoire prévisible, une saga d’un conformisme atterrant.
Le Prophète a dit:
«... Maintenant aussi faut se rendre compte, les femmes pauvres, c’est toujours pressé. Ça pousse sur n’importe quoi... N’importe quelle ordure leur est bonne... C’est tout à fait comme les fleurs... Aux plus belles le plus puant fumier! La saison dure pas si longtemps! Gi! Et puis comment ça ment toujours! J’en avais des exemples terribles!
Ça n’arrête jamais! C’est leur parfum! C’est la vie!...»
Ils ont toujours raison les prophètes, en fin de compte.Il faut partir maintenant...