Diapo. Majida Khattari invente la photographie picturale

DiaporamaMajida Khattari expose ses «Corps ornés» à partir du 15 mars et jusqu’au 12 avril à la galerie l’Atelier 21. Dans le travail de cette artiste, la photographie n'a jamais été aussi près de la peinture.

Le 11/03/2016 à 09h34

Le360 : Adil Gadrouz

L’artiste Majida Khattari expose ses œuvres récentes du 15 mars au 12 avril 2016, à la galerie d’art L’Atelier 21.

Après « Orientalismes » en 2010, « Luxe, désordre et volupté » en 2013, Majida Khattari poursuit son exploration passionnée de l’Histoire de l’Art occidental et présente sa nouvelle série photographique « Corps ornés ».

Dans ses œuvres photographiques, Majida Khattari revisite, recrée les clichés qui dominent la peinture orientaliste. En reconstituant des décors inspirés de célèbres compositions orientalistes, Majida Khattari « contemporanise » ses personnages en les dotant d’un statut incertain qui tient à la fois du fantasme et de la réalité photographique.

On y retrouve la liberté et la sensualité qu’avaient fait découvrir à l’Occident les peintres orientalistes, mais les codes et expressions visuelles de la représentation y sont imperceptiblement déplacés et détournés. Les photohraphies sont tellement picturalisées et construites du point de la composition qu'on les croirait des peintures.

La curatrice Valérie Labayle parle des œuvres de l’artiste en ces termes : « Majida Khattari s'inscrit dans ces questionnements sur la représentation des corps vêtus et dévêtus. Avec « le corps orné », elle met l'accent sur l'accessoire.

Elle mêle sa pratique de peintre des débuts de sa formation et son travail de photographe, mais en utilisant des moyens techniques contemporains [...]

Les corps apparaissent sous le voile, suggérés dans toute leur sensualité, renforcée par la présence des tissus colorés, l'agencement des rideaux et des tentures, comme la mise en scène d'un décor d'opéra. La théâtralisation de l'espace, la construction des perspectives et le recouvrement des corps renforcent le jeu avec le regard du spectateur.

Le voile fait ainsi écran entre les corps dénudés et notre regard, comme les moucharabieh, ces fenêtres grillagées masquant les intérieurs du regard extérieur mais dévoilant le spectacle de la rue depuis les habitations. »

Née en 1966 à Erfoud, Majida Khattari a fait ses études à l’Ecole des Beaux-Arts de Casablanca puis aux Beaux-Arts à Paris.

Depuis 1996, Majida Khattari crée des défilés-performances inspirés de la situation des femmes dans les sociétés arabes. Elle met en scène des modèles qui portent des Vêtements-Sculptures traitant du statut de la femme mais se référant également à l’actualité politique contemporaine, aux questions de laïcité et de religion.

Elle scénarise ses performances et fait appel au chant, à la musique et à la danse. En parallèle, Majida Khattari réalise des photographies, des installations, des vidéos et des films.

Par Qods Chabaa
Le 11/03/2016 à 09h34