De nouvelles technologies derrière la découverte des ossements d’un lion de l’Atlas, affirme le directeur de l’INSAP

Les ossements fossiles d’un lion de l’Atlas, datant de 110.000 ans, ont été découverts dans la grotte de Bizmoune, près d’Essaouira. . DR

Les ossements fossiles d’un lion de l’Atlas, datant de 110.000 ans, ont été découverts dans la grotte de Bizmoune, près d’Essaouira. Une découverte annoncée par l’Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine, mercredi 7 décembre 2022. Les détails dans cette interview avec Abdeljalil Bouzouggar, directeur de l’INSAP.

Le 15/12/2022 à 08h00

Pouvez-vous nous donner plus de détails sur la découverte des ossements fossiles du lion de l'Atlas au Maroc?Il semble que le dernier lion de l'Atlas a été abattu vers les années 40 du XXe siècle, mais sa présence au Maroc remonte à plusieurs milliers d'années. La dernière découverte des ossements fossiles du lion de l'Atlas a été effectuée dans la grotte de Bizmoune à Essaouira.

Les fossiles ont été exhumés dans des niveaux archéologiques datés par la technique de l'uranium-thorium (U/Th) et ont révélé un âge entre 110.000 ans et 100.000 ans. La grotte de Bizmoune n'a donc pas été fréquentée uniquement par les humains, mais elle a été également habitée par des prédateurs dont le lion de l'Atlas. D'ailleurs, le nom de la grotte, Bizmoune, ou Bizmaoune, signifie un lieu des lions.

Pouvez-vous nous expliquer l'intérêt de cette découverte?La découverte des ossements du lion de l'Atlas dans la grotte de Bizmoune à Essaouira au centre-ouest du Maroc signifie que le territoire de ce félin était beaucoup plus vaste qu'on l'imaginait.

Le lion de l'Atlas a pu se maintenir dans les différentes régions du Royaume, dont celle d'Essaouira. Et sans la chasse des temps modernes, il aurait pu survivre dans la nature sans aucun risque d'extinction. Le Lion de l'Atlas donne l'exemple d'une espèce ayant de grandes capacités d'adaptation.

Vous travaillez en coopération avec une équipe de chercheurs français et américains. Est-ce-que vous bénéficiez d'un transfert d'expérience?Le transfert d'expérience se fait dans les deux sens, dans un esprit de coopération, d'ouverture et de respect. Notre collaboration s'est mise en place depuis plusieurs années et des étudiants marocains, américains et français, ont travaillé côte à côte et certains sont sur le point de terminer leurs travaux de doctorat et deviendront très bientôt nos collègues. Le transfert d'expérience dans les deux sens a été surtout bénéfique aux étudiants et aux jeunes chercheurs marocains et étrangers.

Quelles sont les nouvelles technologies que vous utilisez dans vos recherches?Nous utilisons plusieurs nouvelles technologies, à commencer par la fouille archéologique. Nous avons recours à des instruments de mesure appelés «Station totales» utilisant du laser qui nous aident dans le calcul rapide des coordonnées des trouvailles archéologiques. Ces informations et d'autres sont stockées sur un ordinateur de terrain et traitées au laboratoire.

Nous utilisons également des scanners 3D et des imprimantes 3D qui nous sont utiles dans l'imagerie permettant ainsi l'observation des trouvailles archéologiques d'une manière très précise et des copies à l'identique de certaines pièces archéologiques. L'outil informatique est de plus en plus présent en archéologie comme la fouille archéologique assistée par ordinateur ou «archéomatique». La physique nous aide également dans le calcul des âges des couches archéologiques en utilisant des techniques de datation comme l'uranium-thorium, la thermoluminescence ou la luminescence stimulée optiquement.

Actuellement, les jeunes chercheurs correspondent aux filles et aux garçons nés vers la fin des années 90 du XXe siècle, une génération élevée dans un monde des nouvelles technologies. Nous leur inculquons les bases et ils excellent dans les différents domaines de l'archéomatique. C'est une génération qui va moderniser la recherche en archéologie.

Par Ihssane El Zaar
Le 15/12/2022 à 08h00