Dakhla devient la capitale de la photographie pour les 50 ans de la Marche verte

Affiche de la 5ème édition des Rencontres de la photographie de Marrakech (RPM) qui se tient à Dakhla du 6 au 9 novembre 2025.

Du 6 au 9 novembre 2025, les Rencontres de la photographie de Marrakech (RPM) s’installent pour la première fois à Dakhla. À l’occasion des cinquante ans de la Marche verte, l’événement investit la perle du Sud pour fusionner mémoire nationale, création contemporaine et rayonnement territorial. Un rendez-vous culturel d’ampleur qui fait de l’image un outil de transmission et d’avenir.

Le 20/10/2025 à 12h57

L’événement a tout d’un signal fort. Les Rencontres de la photographie prennent cette année la direction de Dakhla. Ce choix, mûrement réfléchi, n’est pas un simple changement de décor.

«Pour la première fois, les Rencontres de la photographie de Marrakech (RPM), organisées par l’association Voix plurielles, délocalisent leur événement. La 5ème édition du Festival international de photographie se tiendra du 6 au 9 novembre 2025 à Dakhla pour célébrer le 50ème anniversaire de la Marche verte», indiquent les organisateurs.

Dakhla, lieu emblématique de l’histoire nationale, va abriter un moment artistique unique, à la croisée de la mémoire et de la création contemporaine. Selon les organisateurs, «ce choix symbolique marque une volonté de lier création contemporaine, commémoration historique et développement territorial dans les provinces du Sud».

C’est pourquoi ce déplacement s’inscrit dans une logique de rééquilibrage culturel. Depuis des décennies, la scène artistique marocaine s’est concentrée dans les grands centres du Nord. En investissant Dakhla, les organisateurs affirment une volonté on ne peut plus claire: ouvrir l’espace culturel, donner voix aux territoires et inscrire la commémoration de la Marche verte dans le lieu même qui en est le symbole.

Ce basculement donne une nouvelle dimension à cette édition. «Dakhla n’est pas seulement un cadre sublime, c’est un symbole fort, le cœur battant des provinces du Sud et le témoin vivant de notre histoire récente. Y organiser cet événement, c’est ancrer la commémoration de la Marche verte dans le territoire même qu’elle a libéré», explique Abdellah Oustad, directeur des Rencontres.

Le programme s’annonce dense et structuré. Pendant un mois, Dakhla deviendra une scène ouverte aux regards multiples. Le parcours d’expositions s’articulera autour des thèmes «Mémoires de la Marche verte» et «Territoires et identités».

L’édition 2025 mettra également la jeune création au cœur de son dispositif. Trente photographes émergents, retenus sur dossier avec une attention particulière pour la parité et la représentation des provinces du Sud, participeront à des masterclasses et ateliers encadrés par des experts internationaux. Cinquante autres présenteront leurs portfolios à dix professionnels de renom, offrant une visibilité inédite à la nouvelle génération.

Des résidences artistiques accueilleront par ailleurs des photographes étrangers qui créeront des œuvres inspirées par le territoire de Dakhla. Un programme de conférences, tables rondes et actions pédagogiques ciblant les scolaires viendra renforcer cette dynamique de transmission.

L’événement se veut durable. Au-delà de l’effervescence du festival, il vise à renforcer l’écosystème local par le transfert de compétences, la formation de médiateurs culturels et la création d’un fonds photographique consacré au patrimoine de Dakhla. Cette vision globale traduit une conviction: l’art n’est pas un luxe, mais une force structurante. Il nourrit la mémoire, stimule la jeunesse et dynamise l’économie locale.

Au centre de cette ambition se trouve Abdellah Oustad. Figure de la scène culturelle franco-marocaine, il s’est imposé comme l’un des acteurs majeurs de la valorisation de la photographie contemporaine dans le Royaume.

Diplômé en gestion de projets culturels, il a très tôt fait le pari de l’image comme levier de développement, de cohésion sociale et de rayonnement international. À la tête des Rencontres de la photographie de Marrakech depuis leur création en 2016, il a transformé une idée encore naissante en un rendez-vous incontournable, capable d’attirer plus de 8.000 visiteurs en 2024.

La photographie comme trait d’union entre mémoire et avenir

Son engagement dépasse l’organisation d’un festival. Il a initié plusieurs programmes structurants, comme «Émergences photographiques», ou des projets d’éducation à l’image visant à faire de la photographie un outil de réflexion, de transmission et de construction collective. Sa ligne de sélection repose sur la singularité artistique, mais aussi sur la capacité des artistes à raconter, à défendre un regard, à créer du sens.

«Il ne s’agit pas seulement d’un festival, mais d’un acte de transmission et de développement. Nous voulons utiliser la force de l’image pour raconter notre histoire, former ceux qui la raconteront demain et inscrire Dakhla sur la carte mondiale de la création contemporaine», affirme-t-il.

À travers son parcours, Abdellah Oustad incarne cette génération de passeurs culturels qui voient dans l’art non une fin en soi, mais un outil de transformation. Sa vision s’inscrit dans la durée, avec la conviction que la photographie peut rapprocher les territoires et renforcer les liens entre mémoire et avenir.

La 5ème édition des Rencontres de la photographie ne vient donc pas simplement poser ses valises à Dakhla. Elle s’y enracine, s’y nourrit et s’y projette. L’histoire y rencontre la création, la mémoire y croise la jeunesse, et l’art y devient un trait d’union. Dans cette lumière du Sud, la Marche verte se raconte autrement, non comme un chapitre clos, mais comme un récit vivant, réinventé à chaque regard.

Par Hajar Kharroubi
Le 20/10/2025 à 12h57