C’est une découverte d’une portée exceptionnelle: pour la première fois, des preuves archéologiques attestent que des populations humaines utilisaient, il y a plusieurs millénaires, des plantes à des fins médicinales. La plante «Ephedra», retrouvée dans la Grotte des pigeons à Tafoughalt, dans le Rif oriental, est aujourd’hui bien connue pour ses propriétés bénéfiques sur les voies respiratoires et pour son effet analgésique.
«La plante Ephedra retrouvée sur place, avec ses propriétés contre les infections respiratoires, la douleur et le cancer, montre que les humains de cette époque avaient une connaissance pointue des ressources naturelles à leur disposition», explique Ismaïl Ziani, doctorant et membre de l’équipe des chercheurs derrière cette découverte. L’usage de cette plante comme anesthésiant et hémostatique fait preuve de pratiques sophistiquées, comparables aux interventions médicales modernes, précise-t-il.
La grotte des Pigeons à Tafoughalt n’en est pas à sa première découverte archéologique. «La grotte contient également les traces de la plus ancienne intervention chirurgicale, remontant à plus de 15.000 ans, ainsi que des bijoux vieux de 80.000 à 100.000 ans», indique Hassan Talbi, membre de l’équipe scientifique et chercheur à l’Université Mohammed 1er d’Oujda, qui souligne la grande importance de ce site.
Comme le détaille le chercheur, des recherches antérieures y avaient ainsi révélé un crâne humain portant des marques d’une trépanation pratiquée il y a 15.000 ans, considérée comme la plus ancienne au monde. Les études ont montré que l’orifice créé par cette trépanation s’est cicatrisé, preuve que la personne opérée a survécu et a pu se rétablir, probablement grâce à l’utilisation de ces plantes médicinales.
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Les recherches dans le site de Tafoughalt s’inscrivent dans un programme de coopération entre l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP), l’Université Mohammed 1er d’Oujda, l’Université d’Oxford et le Natural History Museum de Londres. Le programme compte aussi parmi ses membres des doctorants et des chercheurs de l’Institut Max Planck (département de l’archéogénétique) et du Centre des recherches archéologiques à Monrepos en Allemagne.