Ne comprenant plus rien à ce qui se passe dans le monde de la pandémie, j’avais cessé de m’informer. Plus de journaux télévisés, plus de radio, plus de journaux papier. Je voulais faire l’autruche et attendre que le bon vieux temps réapparaisse d’autant plus qu’à la veille du mois de Ramadan, la vie, telle que je l’ai constatée, a repris presque comme avant au Maroc. Très peu de personnes portent le masque. Les commerces fonctionnent. Les salles de sport de nouveau ouvertes ainsi que les hammams et les mosquées. Le fait que la vaccination se fait à grande échelle et de manière sérieuse et scientifique a fait croire à nos concitoyens que le mal est vaincu et qu’il n’y a plus de danger. Erreur, grave erreur, mes amis!
J’ai dû de nouveau m’informer. Ce matin j’ai appris qu’un «double variant» du virus a fait son apparition en Inde et qu’il fait des ravages dans ce pays. Il en est de même du cas terrible du Brésil où un chef d’Etat irresponsable et irrationnel a nié l’existence du virus; pendant ce temps-là, le variant brésilien est considéré avec le variant indien comme les plus dangereux des virus actuels. Ils tuent et résistent aux vaccins.
Le Maroc a eu tout à fait raison de fermer ses frontières. Il a bien fait de s’isoler, le temps que le combat contre la pandémie réussisse complètement.
Nous sommes dans une situation où aucun pays ne peut se dire qu’il a vaincu le virus et qu’il peut reprendre une vie normale. Nous étions habitués à voir disparaître un virus après quelques morts. Là, le Covid est entêté, il est pervers, solide, cruel et décidé à éliminer des millions de personnes à travers la planète.
Je ne veux pas faire peur, je voudrais juste alerter mes compatriotes et leur signaler que la guerre n’est pas terminée. Le virus est toujours là, même s’il est moins virulent qu’en France ou qu’en Espagne. Il n’a pas renoncé. Il circule et tue. Le variant britannique se propage sept fois plus vite que le virus originel et est six fois plus dangereux. En outre il s’attaque particulièrement aux jeunes. Un ami médecin m’a appris que le variant indien a été détecté à Casablanca chez un citoyen de ce pays ami. S’il ne faut pas céder à la panique, il convient de redoubler de vigilance et de restaurer toutes les mesures de protection.
Quelques jours avant le Ramadan, j’ai remarqué un relâchement à Casa et à Tanger. Certains portent le masque sous le menton, d’autres n’en portent même pas. Les marchés sont pleins comme avant. Pas de distanciation. Pas de précaution. Les dîners en ville continuent d’avoir lieu. Une fois à la maison on pense qu’un proche, un frère, un parent ou un ami, ne pourrait pas nous contaminer. On se dit, «je le connais, il ne va pas me passer le virus!». Raisonnement stupide. C’est justement dans les rassemblements familiaux et amicaux que le virus circule et passe de l’un à l’autre.
Le fait d’avoir été vacciné est important. Mais on ne doit pas renoncer aux précautions. Il faut continuer de porter le masque, respecter les distances, se laver les mains systématiquement, bref se conduire comme si le danger était toujours là. La vaccination pourrait être battue par un variant indien ou brésilien. Vous me direz, l’Inde et le Brésil sont loin. Oui, mais il suffit d’une personne ayant fait un séjour dans ces pays pour qu’elle transporte dans ses bagages le variant qui tue.Plus que jamais, nous devrons prendre conscience que ce virus est une malédiction planétaire; il résiste et ne renonce pas.
Il y a un siècle, en 1920, la grippe espagnole avait fait 50 millions de morts. A l’époque, la médecine n’avait pas trouvé les moyens d’arrêter la propagation du virus. Aujourd’hui, certes, nous disposons de vaccins, mais il faut savoir et reconnaître que la lutte est inégale et que nous ne sommes pas encore sortis du tunnel. D’où une vigilance accrue, quotidienne et sans relâche.
Je suis désolé de tirer cette sonnette d’alarme, mais je préfère exagérer que de faire croire que nous avons gagné. Pour le moment c’est le virus qui est victorieux. La politique de notre pays est bonne et assez efficace, encore faut-il que nous participions à cet effort en restant vigilants, prudents et ne pas croire que la guerre est terminée.
Quant à la manière dont la France gère la pandémie, il est à craindre qu’elle soit catastrophique. La France va commettre les mêmes erreurs que l’an dernier: déconfiner au mois de mai afin de passer un bon été et reconfiner à partir de septembre parce que le virus sera toujours là.
L’isolement actuel du Maroc est une excellente décision. On ferme les portes et fenêtres et on poursuit la vaccination. Cela étant, il est demandé à tous les citoyens de faire encore un effort afin d’en finir concrètement avec ce virus qui a réussi à arrêter la planète.