Hygiène de vie

Famille Ben Jelloun

ChroniqueFaire une pédagogie pour une bonne hygiène de vie, quelle que soit la classe sociale à laquelle on appartient, devient un devoir national. Pour cela il faudrait une campagne de sensibilisation à la radio et à la télévision. Nous sommes ce que nous mangeons.

Le 11/07/2022 à 11h00

Chaque année, au moment de l’Aïd Al-Adha, certains médias lancent des alertes. C’est une fête très populaire, peut-être la plus populaire. Respect.

Impossible de la supprimer à cause de la sécheresse ou du Covid qui revient. Sacrifier un mouton est primordial, une tradition qui n’a connu que deux interruptions sous le règne de feu Hassan II, à cause de la gravité des dégâts de la sécheresse.

Je me demande s’il est nécessaire de rappeler que la viande du mouton est naturellement grasse. Donc, elle augmente le risque de la montée du mauvais cholestérol (le LDL –les lipoprotéines de basse intensité). Quant au bon cholestérol (le HDL –les lipoprotéines de haute intensité), il a beaucoup de travail: il exerce une action protectrice sur le cœur et les vaisseaux lorsque le taux du mauvais cholestérol augmente et vient s’accumuler dans les parois des artères et s’y oxyde. Des plaques se forment dans les vaisseaux et risquent de les boucher. Les conséquences sont dramatiques.

Faire une pédagogie pour une bonne hygiène de vie, quelle que soit la classe sociale à laquelle on appartient, devient un devoir national. Pour cela il faudrait une campagne de sensibilisation à la radio et à la télévision.

On a l’habitude de considérer certaines maladies comme des spécialités marocaines: diabète, hypertension artérielle, problèmes cardio-vasculaires, obésité, etc. Nous n’en avons pas le monopole, mais nous sommes bien classés.

Quelqu’un faisait remarquer l’autre jour que les Japonais étaient minces et connaissaient peu ces maladies.

Nous sommes ce que nous mangeons.

Les Asiatiques en général se nourrissent de poisson. Nous, nous aimons les bons tajines avec de la sauce bien grasse. Nous mangeons du poisson frit, ce qui est une erreur, car la friture est dangereuse pour la santé. Le poisson est souvent trop cuit.

Les traiteurs au Maroc, un commerce qui se porte bien, réussissent les plats traditionnels, mais dès qu’ils touchent au poisson, c’est un ratage assuré. La cuisson du poisson est une question de minutes. Il faut que la chair reste tendre.

Tout cela relève d’habitudes culturelles. Pour les changer, il faut une prise de conscience, une action efficace et un travail psychologique à entreprendre soi-même, si on veut sauver sa peau et ne pas se retrouver vieux à quarante ans.

Les femmes, surtout les citadines de la classe moyenne ou bourgeoise sont plus attentives à leur forme. Les hommes, en général, se laissent aller. Certes, ils font du sport. Mais rares sont ceux qui font attention à leur hygiène de vie.

Il serait intéressant de faire une enquête sur la progression de l’obésité au Maroc et l’implantation dans nos villes des «fast food», tel que le McDonald's très prisé par les enfants. Il aurait supplanté le sandwich traditionnel, popularisé à Tanger par l’inoubliable Abdelmalek, un berbère originaire de Tafraout, qui comblait nos appétits d’adolescents à la sortie du lycée sans nous faire grossir. Je n’oublierai jamais le goût exceptionnel du sandwich de Abdelmalek, que je n’ai jamais retrouvé ailleurs.

Le mouton coûte cher. Sa consommation aussi. Néanmoins, bonne fête à toutes et à tous! Et faites attention aux excès, boulfaf compris.

Par Tahar Ben Jelloun
Le 11/07/2022 à 11h00