Pitié, régulez les dos d’âne, ces ralentisseurs illégaux!

Famille Naamane

ChroniqueLe respect du code de la route est le devoir de chaque conducteur. Le conducteur a aussi des droits que l’Etat doit lui garantir pour circuler en toute sécurité et quiétude.

Le 23/04/2021 à 12h01

Un de nos droits est complètement bafoué: celui de rouler en ville sans être angoissé par les dos d’âne illégaux.

Un dos d’âne est un bombement qui traverse la chaussée pour pousser les conducteurs à ralentir. Ce ralentisseur est devenu privilégié par les Communes pour le respect des limitations de vitesse.

Mais cet équipement doit respecter des normes de largeur et de hauteur pour ne pas devenir un obstacle dangereux. Or à Casa, il ne s’agit pas de dos d’âne, mais de dos de chameau. Tous les reliefs sont représentés: Tizi n’Test, Tizi n’Tichka, Toubkal!

Tu roules paisiblement et te voilà secoué dans tous les sens, projeté de haut en bas, ta tête cogne le plafond de ta voiture. Tu as l’impression d’être dans un bateau en plein tempête, tellement tu es secoué! En moto, c’est pire.

Rouler dans la capitale économique devient pénible et loin de l’image de marque que l’on veut lui attribuer: bosses, trous, crevasses, nivellement hors conformité… Des négligences impardonnables. Quand une rue est nouvellement goudronnée, il n’y a pas de contrôle pour s’assurer que le travail est conforme aux normes de sécurité. Les bouches d'égouts, au milieu des rues et des boulevards, sont à un niveau inférieur par rapport au sol: 10, 20, parfois 30 cm de profondeur. Des trous profonds, véritable danger pour les usagers. Qui en est responsable?

Les dos d’âne hors conformité sont un autre danger. Qui en est responsable? Quand c’est la Commune qui les installe, tu as une palette de choix: largeur, hauteur et matériaux changent au gré de je ne sais quelle logique. J’aimerais bien que l’on m’explique.

Il y a des règles pour la sécurité des usagers. Certains dos d’âne paraissent corrects, notamment ceux des passages des piétons. Là, on peut parler de ralentisseurs car ils sont peints en rouge, de hauteur et de largeur permettant le passage sans dégâts. Mais je ne vois jamais de panneaux les indiquant. Pourtant, c’est indispensable. Souvent, la peinture a déteint et le rouge vire au gris, au point où tu ne visualises plus le dos d’âne.

D’autres ralentisseurs sont fabriqués en usine, selon des normes précises, alliant plastique et métal (me semble-t-il). Ils ne sont ni trop élevés, ni trop larges, visibles de loin et efficaces. Mais là non plus, tu n’as pas de panneaux qui te les indiquent, afin que tu te freines progressivement.

Ces dos d’âne conformes aux normes de sécurité ne représentent qu’une minorité. La majorité écrasante est illégale, anarchique. Et plus tu t’éloignes du centre-ville huppé, plus l’anarchie augmente: la Commune envoie des ouvriers qui élèvent des collines dont la hauteur et la largeur dépendent de leur bon vouloir. Qui en est responsable?

Mieux encore: tu veux faire ralentir les voitures devant ta maison ou ton lieu de travail? Demande à quelqu’un de la Commune. Dans la semaine ton vœux est exaucé, sans aucune étude. On peut t’en installer 2, 3, 4 ou plus, pas de problème.

Pire: tu ramènes un maçon. Demande-lui de t’en placer le nombre et les dimensions que tu veux. Plus c’est haut, plus tu es sûr que la vitesse sera réduite!

Les matériaux? Comme tu veux: goudron, ciment et caillasse, asphalte à base de goudron et de gravillon, béton armé et que sais-je encore!

Quel est le danger? D’abord on t’inflige une violence qui nuit à ton bien-être et te crée du stress. En plus de l’indiscipline des conducteurs, tu es tout le temps sur tes gardes et donc sur les nerfs. Tu roules et, surpris par l’obstacle, tu es obligé de te rabattre rapidement sur le côté droit ou gauche. Tu mets en danger les voitures et les motos qui te suivent ou qui sont dans d’autres couloirs. Tu conduis en zigzagant, et donc tu es en infraction. Parfois tu freines brutalement, obligeant les véhicules derrière toi à en faire de même et tu peux provoquer un carambolage, ce qui n’est pas rare. Tu te fais insulter par les conducteurs. Tu t’esquintes le dos. Ta voiture subit les plus grands dégâts: suspension, pneus, châssis… Les motards sont les plus menacés.

La nuit, la conduite devient encore plus dangereuse car tu ne vois ni trous, ni bosses, ni ralentisseurs.

Qui en est responsable? L’espace public est régi par des lois. Un citoyen a-t-il le droit d’installer des équipements dans la voierie publique? 

Pitié! Que les responsables s’activent pour nous délivrer de ces murailles érigées dans nos chaussées. Les ralentisseurs sont indispensables mais ils doivent être signalés de loin par des panneaux: même quand tu respectes la limitation de vitesse à 60 km/heure, tu as besoin de freiner progressivement pour éviter la rudesse du choc, te protéger, protéger les autres conducteurs, les voitures et les motos. Les responsables doivent faire respecter les normes de sécurité des ralentisseurs: longueur, largeur, hauteur et matériaux qui les composent. Enfin, ils doivent être recouverts d’une peinture rouge fléchée et régulièrement entretenus pour être constamment visibles.

J’ose espérer circuler sereinement dans ma ville et pouvoir l’admirer et non avoir toujours les yeux rivés sur la chaussée pour repérer l’obstacle illégal.

Par Soumaya Naamane Guessous
Le 23/04/2021 à 12h01