La séduction est humaine. Une manière d’attirer l’attention, de manipuler, de donner une bonne image de soi, d’être admiré, de provoquer un désir ou un sentiment amoureux…
La séduction féminine est un art, transmis depuis des millénaires de mère en fille. Un apprentissage pour les filles, afin qu’elles trouvent un mari et surtout pour qu’elles le conservent.
Avant les produits cosmétiques modernes sur le marché, les femmes détenaient le secret de recettes traditionnelles à base de produits naturels pour être belles.
Les fillettes étaient initiées, avant le mariage, à valoriser leur corps. L’arrivée des premières règles était l’occasion de sublimer le corps, de fêter le début de la féminité, en lui donnant les mêmes soins que ceux prodigués à la mariée lors de la cérémonie nuptiale.
Un moyen d’informer l’entourage que la fille est féconde, prête pour le mariage.
Les cérémonies de mariage étaient (et sont toujours) le lieu où les jeunes filles sont parées de leurs meilleurs atouts pour attirer des prétendants.
L’épouse avertie faisait de la séduction son arme pour conserver son mari et éviter la polygamie et la répudiation. Le corps était le premier atout pour séduire, mais également la parole. La femme à la parole douce est plus puissance que cent sorcières, dit-on. Dans les milles et une nuit, Shéhérazade a sauvé sa vie en séduisant par la parole.
La séduction était une expression indirecte du corps. Zoubida, 80 ans: «il était honteux d’exprimer verbalement son désir au mari. Nous étions décentes, pas comme vous!»
La séduction, marketing sensoriel. La séductrice envoûte le mari en excitant ses cinq sens: l’odorat et le goût en préparant son met préféré, se parfume le corps, le trouble par le maquillage, la belle tenue… Elle offre aux caresses de l’époux des cheveux soyeux, une peau adoucie. Elle l’encense de douces paroles. La suite érotique achève la résistance de l’époux. «La femme rusée n’affronte pas son mari, mais l’amadoue, l’étourdit en jouant sur ses sens», dit Zoubida.
Le pouvoir maléfique de la séduction féminine était craint par les plus valeureux des hommes qui y succombaient. D’où une «chosification» du corps féminin, réduit à son seul attrait érotique, sexuel. Le corps féminin est une provocation, un danger pour l’homme. Il créée el fitna (le chaos), la concupiscence et mène à la fornication. Pour s’en protéger, il a fallu emprisonner les femmes, les isoler, les cacher, les voiler.
Mais la séduction est-elle seulement une affaire de femmes?
Pendant des siècles, la séduction a été une arme féminine. L’homme, disait-on, est toujours un homme. Sa beauté ne compte pas. Son corps devait refléter sa virilité à travers des signes de rudesse. L’homme coquet, qui s’attardait devant le miroir, était assimilé à une femme, suspecté d’homosexualité.
Si les temps ont changé, la femme est toujours tenue de séduire. Etre sexy fait partie des normes. La mode impose toujours son diktat. Et que de sacrifices pour rester dans la compétition, que de douleurs. Souffrir pour être belle et surtout lutter contre le pire ennemi de la séduction: le vieillissement! Traquer le moindre signe du temps, se faire charcuter dans les blocs opératoires, suivre des régimes alimentaires astreignants, suer dans les salles de sport pour entretenir ses courbes érotiques…
Les conseils de grands-mères sont dépassés. Internet s’y est substitué, prodiguant des conseils de tout genre. Il suffit de naviguer sur la toile pour être inondé d’astuces «efficaces» pour séduire un homme… Mais aussi une femme. Hicham, 34 ans: «c’est fini le temps où l’homme avait le privilège de choisir des femmes. Quand une femme te veut, elle te drague. Les femmes deviennent trop exigeantes. Elles nous veulent beaux, raffinés, sveltes, musclés, sexy, les ongles manucurés, bien habillés».
Décidément, les canons de beauté masculine ont bien changé pour les hommes qui découvrent enfin les souffrances de la mise en beauté. Abdou, 38 ans: «quand je pense que la beauté, la masculinité et la virilité de mon grand-père passaient par ses poils sur tout le corps et ses mains et ses pieds rêches! Aujourd’hui, l’homme poilu est assimilé à un gorille. J’ai dû me faire épiler le torse. Un supplice renouvelé!»
Attirer les regards, plaire, se démarquer par son physique, entretenir les apparences en se pliant au dictat de la séduction! Une contrainte désormais également masculine!
Les célibataires, hommes et femmes, en quête d’amour ou d’aventure excellent en séduction. Mais souvent, les efforts pour plaire s’essoufflent dans l’institution du mariage, comme si la séduction était juste une affaire de rencontre.
Attention! Séduire est la première étape d’une relation qui permet de s’attirer, de se découvrir mutuellement et de créer des attaches. Elle n’est jamais acquise à vie.
Attention! La séduction féminine qui s’appuie exclusivement sur le corps est éphémère. Séduire, c’est respecter son corps, ne pas en faire une marchandise exposée. C’est cultiver la beauté de son âme. C’est être rayonnante physiquement, s’imposer par ses valeurs et briller par son intelligence.
Pour la femme et pour l’homme, séduire c’est prendre soin de soi et de l’autre, c’est continuer… Continuer à l’épater, à l’attirer, à le surprendre. La séduction doit être entretenue et par l’homme et par la femme, car elle permet de cultiver le désir réciproque.