La Tunisie est le plus petit pays du Maghreb. C’est aussi l’une des plus petites républiques dans le vaste monde arabe. C’est un handicap, bien sûr, mais il faut croire que le pays du jasmin a su le transformer en atout. Depuis toujours.
Débarrassé des tentations hégémonistes, c’est-à-dire de la prétention de se voir «plus grand» que les autres, ce pays avance, avance…
Ce qui est vrai pour les Etats l’est encore plus pour les individus. Celui qui va le plus loin n’est pas forcément le plus beau, le plus «prédisposé», mais souvent le contraire…
Ceux qui connaissent l’Histoire du Maghreb savent que c’est en Tunisie que les premières réformes sociales et politiques ont eu lieu, il y a plusieurs siècles déjà. La «petite» Tunisie a toujours été un précurseur, un éclaireur, une locomotive.
Elle a été la première à tester les outils de la modernité, qu’ils viennent d’Europe ou de Turquie, qu’ils soient des gadgets (habits, moyens de transport, etc.) ou, plus important, des modes de fonctionnement, de gouvernance, de comportement dans la société.
Bourguiba a poursuivi sur cette lancée en faisant de la Tunisie le premier pays arabe à respecter les femmes et à laïciser certaines pratiques liées à l’islam. Il a eu du courage. Ses réformes n’étaient pas parfaites. Mais elles font date. Parce qu’elles ont ouvert une brèche.
Et ça continue, encore et toujours.
Le Printemps arabe, qui a bourgeonné comme une plante sauvage en 2011, ne pouvait logiquement naitre qu’en Tunisie. Ce n’était pas parfait, loin de là. Mais les Tunisiens continuent, depuis, de donner le ton, le la, la leçon, au reste du monde arabe, ce si triste monde arabe.
La dernière leçon est celle des présidentielles. Nos amis tunisiens sont sur le point de choisir leur futur président. Avant d'aller voter, ils ont décidé de passer tous leurs candidats sur le gril. Islamistes et modernistes, femmes et hommes, tous et toutes sur le gril.
J’ai suivi de près ces débats télévisés. J’ai ri parce que certains passages étaient franchement comiques. Comme dans un jeu télévisuel où les candidats jouent au quitte ou double. Mais…
Au-delà du show, cet exercice dit en substance que celui qui va guider la Tunisie doit séduire. Et, plus tard, rendre des comptes. Le futur président n’est pas dieu. Il n’est même pas prophète. C’est juste un Tunisien qui aura convaincu d’autres Tunisiens de lui faire confiance.
Qui d’autre, au Maghreb ou dans le reste du monde arabe, parmi tous ces grandes nations et ces Etats aux territoires et aux richesses immenses, est capable de prodiguer une telle leçon? Une leçon d’espoir et d’humilité? Personne.