En lisant certains commentaires relatifs à mon dernier billet («Homosexuels et fiers de l’être»), je suis resté bouche bée. Quand on défend l’homosexualité dans un pays qui la criminalise, on s’attend bien sûr à recevoir une volée de bois vert. Il faut être naïf ou stupide pour espérer le contraire.
L’homophobie devient la norme. Défendre une opinion ou position contraire revient à prêcher dans le désert. Le genre de chevalerie donquichottesque qui semble totalement vouée à l’échec.
Il le faut pourtant. Il faut y aller malgré tout. Il faut prêter le flanc, comme dans un champ de bataille. Il faut toujours insister, en cherchant ce suprême bon sens, qui doit bien nous guider malgré nos bêtises, il faut solliciter cette infime fibre humaine ou humaniste en chacun, parce qu’elle existe même si elle est parfois ensevelie sous des couches de mauvaise propagande, de mauvaise éducation, et surtout de peur et d’ignorance.
C’est surtout ce dernier point qui m’a sidéré, et je pense qu’il est de mon devoir de le relater ici. L’ignorance, cet incorrigible et dévastateur vice!
Des lecteurs, et certainement des citoyens, assimilent encore l’homosexualité à des questions qui n’ont rien à voir, comme l’exhibitionnisme, la prostitution ou la pédophilie. C’est terrible. Etonnant et terrible.
Un jour, il faudra mener une campagne d’information pour expliquer, aux uns et aux autres, les choses de la vie. Des choses complexes mais normales. L’homosexualité en fait partie. C’est une nature, une différence et un choix personnel. Et c’est une affaire personnelle, qui peut concerner les femmes comme les hommes.
Etre homosexuel ne signifie pas avoir une sexualité débridée. Un homosexuel peut très bien être «puceau», comme un non-homosexuel. Un homosexuel peut très bien faire campagne contre la pédophilie, être un bon musulman et même un homme de foi, un bon père ou mère de famille, ou offrir son bras pour un 3ème vaccin anti-Covid 19.
Un homosexuel, une homosexuelle, c’est un homme ou une femme comme les autres.
Le fait que la loi marocaine condamne ce choix de vie n’en fait pas un crime. C’est une différence, pas une maladie. L’homosexualité n’est pas née en Occident, les homosexuels marocains n’ont rien importé. Ils n’ont rien inventé, non plus.
L’homosexuel, c’est peut-être votre père dont la vie a été une gigantesque supercherie. C’est votre fils que personne ne veut comprendre ni aider. C’est peut-être vous, qui la refoulez, la condamnez et souffrez de schizophrénie.
Je prêche bien sûr des convaincus. Mais j’invite les autres à un peu de lecture. Lisez la littérature et la poésie de nos ancêtres, lisez un Jalaleddine Al-Suyuti (Tarikh al-khulafa’ al-rachidun, «Histoire des califes bien-guidés»), pour ne citer que cet érudit du Moyen-Age. Mais il y a en a d’autres, tant d’autres.
Redécouvrez votre histoire, notre histoire, vous serez surpris d’apprendre l’étendue et la variété des libertés sexuelles chez nos ancêtres, même et surtout dans les premiers temps de l’islam.