Triathlon à Saïdia: le Maroc joue gros avec sa première coupe du monde

Majid Amahroq, président de la Fédération royale marocaine de triathlon, lors d'une conférence de presse tenue à Rabat ce lundi 16 juin. (S.Bouchrit/Le360)

Le 17/06/2025 à 14h45

VidéoLe 29 juin, la station balnéaire de Saïdia deviendra le théâtre d’un événement inédit: la toute première Coupe du monde de triathlon organisée sur le sol marocain. Plus qu’un simple rendez-vous sportif, c’est un signal fort envoyé par une fédération ambitieuse et un pays qui rêve de podiums olympiques.

Le lundi 16 juin, une conférence de presse s’est tenue à Rabat pour annoncer un événement inédit dans l’histoire du sport marocain: la première Coupe du monde de triathlon, prévue le 29 juin à Saïdia. Cette compétition, baptisée «Coupe du monde de triathlon Moulay El Hassan», se déroulera sous le Haut patronage du roi Mohammed VI et réunira plus de 25 nationalités, dont les dix meilleurs triathlètes mondiaux.

Organisé conjointement par la Fédération royale marocaine de triathlon (FRMTRI) et Madaëf sports & events (MSE), cet événement d’envergure internationale est bien plus qu’une simple compétition. Il marque un tournant pour le triathlon au Maroc, un sport encore jeune mais en plein essor.

Jusqu’à présent, seule l’Afrique du Sud était en mesure d’organiser une coupe du monde de triathlon. Désormais, le Maroc entre dans la cour des grands. Pour Majid Amahroq, président de la FRMTRI, cette réussite est le fruit de longues années de structuration: «Dernièrement, on a gagné la médaille d’or et la médaille d’argent en Afrique du Sud, c’est un grand exploit pour le triathlon marocain».

Le choix de Saïdia comme lieu d’accueil n’est pas anodin. La ville balnéaire, déjà prisée pour ses plages et ses infrastructures touristiques, s’impose aujourd’hui comme une destination sportive internationale. «La station Saïdia, à travers ces événements, accueillera plusieurs nationalités et en fera des ambassadeurs, des gens qui vont revenir chez eux et parler de cette destination à travers le sport, qui, pour nous, est un vrai levier de développement touristique», explique Kirmane Hassani, directrice marketing communication de la Société de développement Saïdia (SDS).

Une participation de haut niveau

Pas moins de 130 athlètes sont attendus, répartis à parts égales entre hommes et femmes. À ce jour, 59 triathlètes hommes et 34 femmes sont déjà inscrits. Des chiffres supérieurs à ceux enregistrés dans d’autres étapes de la Coupe du monde, comme l’a précisé le directeur d’événement de World Triathlon, Abdennour Rahmani: «Aucune autre coupe du monde n’a dépassé les 57 participants hommes. Celle de Saïdia en compte déjà 59.»

La compétition réunira notamment les dix meilleurs triathlètes mondiaux, dont cinq hommes et cinq femmes, ainsi que trois Marocains déterminés à se hisser au sommet: Jawad Abdelmoula, Badr Siwane et Marouane Abbassi. Tous chercheront à engranger des points pour le classement mondial, mais également pour une qualification aux Jeux olympiques de Los Angeles 2028.

L’accueil de cette compétition suppose une organisation millimétrée, à la fois sportive, logistique et sécuritaire. Amal Baroudi, event manager chez MSE, a insisté sur le souci du détail qui anime les organisateurs. Majid Amahroq renchérit: «Cette coupe du monde est une grande responsabilité. Quand tu reçois les meilleurs triathlètes du monde, tu dois leur offrir un spectacle, un circuit, une sécurité et un confort optimal. Ils ne doivent manquer de rien.»

Les athlètes attendus bénéficieront ainsi d’un circuit internationalement homologué, d’une sécurité renforcée, d’une couverture médicale complète et d’un hébergement et d’une restauration soigneusement préparés. Des conditions saluées par les participants eux-mêmes, selon les retours recueillis par la fédération.

Une discipline en plein essor

Au-delà de l’événement en lui-même, cette coupe du monde met en lumière l’évolution fulgurante du triathlon au Maroc. Jadis marginal, ce sport attire aujourd’hui de plus en plus de jeunes séduits par la diversité des disciplines (natation, cyclisme et course à pied). «Le triathlon est devenu tendance pour les jeunes. Ils ne s’ennuient pas puisqu’il y a trois disciplines. Tous les Marocains nagent, font du vélo et courent», affirme Majid Amahroq.

La FRMTRI enregistre aujourd’hui près de 1.000 licenciés, contre à peine 200 il y a quelques années. Une progression fulgurante rendue possible par l’implication croissante des clubs, le soutien du ministère de tutelle, du comité olympique, mais aussi par les succès à l’échelle internationale.

Malgré les avancées, des défis de taille subsistent. L’un des plus importants reste l’absence d’un centre national olympique. «Pour quatre ans de préparation d’un athlète, il faut des moyens: un régime alimentaire strict, des visites médicales régulières, des professionnels pédagogiques, une équipe technique, la nutrition. En Europe, une médaille est estimée à 10 millions d’euros. Chez nous, l’athlète est coaché pendant 15 jours, puis livré à lui-même. On ne sait pas s’il suit son régime ou son programme. Il faut structurer tout cela», déplore Majid Amahroq.

La Coupe du monde Moulay El Hassan, qui réunira des pays aussi variés que l’Allemagne, l’Espagne, l’Argentine, la République tchèque, l’Australie, le Venezuela ou encore la Nouvelle-Zélande, constitue une opportunité unique pour le Maroc.

Rendez-vous donc le 29 juin à Saïdia, pour un événement qui fera date.

Par Camilia Serraj et Said Bouchrit
Le 17/06/2025 à 14h45