Le Cinq national posera aussi ses valises dans la capitale tunisienne sans illusion face aux mastodontes du continent, dont les joueurs commencent à briller sous le ciel européen, voire sur les parquets de la NBA. Faut-il aussi signaler que l'équipe marocaine a été mal lotie par le tirage au sort qui l'a mise dans un groupe B très relevé, en compagnie du mur infranchissable de l'Angola, des colosses du Sénégal et du Mozambique. Autre bémol, l'équipe marocaine a traversé une période d'instabilité au niveau de son encadrement technique juste après sa belle prestation aux éliminatoires, en février dernier.
Depuis le départ de Said El Bouzidi, qui connaissait bien les arcanes du groupe pour avoir entraîné la plupart de ses joueurs en club, la fédération lui a cherché désespérément un successeur, avant de trouver un accord, en juin dernier, avec le Néerlandais d'origine serbe Tony Vujanic, engagé seulement pour trois mois. Réputé pour son affection des stratégies de jeu modernes basées sur une défense agressive, le tout nouveau sélectionneur national, qui a roulé sa bosse un peu partout dans le monde, n'a pas disposé du temps nécessaire pour apporter son empreinte personnelle et, partant, devra s'appuyer sur le legs de son prédécesseur.
L'ossature du Cinq marocain sera constituée autour des joueurs de l'Association sportive de Salé, auteurs d'une nouvelle saison sensationnelle avec à la clef un doublé championnat-coupe, sauf que le capitaine slaoui Zakaria El Misbahi, qui a annoncé sa retraite, manquera à l'appel. Contrairement aux autres sélections du continent qui ont accumulé les matches de préparation, l'équipe marocaine, dont le premier et dernier titre africain remonte à 1965, a disputé peu de rencontres amicales en perspective des joutes de la salle de Radès, dans la banlieue de Tunis.
Le manque de compétition et ses probables effets en termes de fraîcheur physique sont deux facteurs qui devraient rendre la mission de l'équipe marocaine encore plus pénible, tout comme la zone de turbulence traversée par la fédération nationale au cours des deux dernières années. Au premier match, le Maroc croisera le fer, jeudi prochain, avec le Sénégal, unique sélection africaine à avoir franchi le premier tour d'un Championnat du monde, l'année dernière en Espagne. Ensuite, il donnera la réplique, samedi, à l'Angola, détenteur du record absolu des victoires avec onze couronnes, avant de terminer son parcours face au Mozambique, 48 heures plus tard.
Dans le tableau général de cette compétition, qui réunit 16 sélections réparties en quatre groupes, l'Angola, le Nigeria et la Tunisie, pays organisateur, font figure de grands favoris, tandis que le Sénégal et l'Egypte, finaliste de la dernière édition, se placent à un cran en dessous, quoique capables de bouleverser la hiérarchie. Si l'Angola devrait pâtir de l'absence de certains de ses piliers, la Tunisie, championne d'Afrique en 2011 à Madagascar, peut faire valoir la stabilité de son groupe et l'avantage d'évoluer sur ses terres et devant son public, toujours aussi déterminant dans ce type de tournois.
A la quête de son premier sacre, le Nigeria, qui évoluera dans le groupe A aux côtés notamment de la Tunisie, est la sélection africaine qui a le plus progressé ces derniers temps, grâce à une génération de joueurs talentueux. La richesse de l'effectif nigérian a fait que son coach américain William Voigt se paye le luxe ne pas convoquer la star Festus Ezely, pourtant champion de la NBA avec les Golden State Warriors. En signe de l'évolution de la discipline dans le continent, plusieurs vedettes évoluant en Amérique seront de la partie à Tunis, alors qu'il fut un temps où l'on considérait la participation au tournoi africain comme une aventure hautement risquée ou une simple perte de temps.