Voici comment les Marocains choisissent les prénoms de leurs enfants

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Revue de presseKiosque360. Autant le choix du prénom était simple par le passé, autant l’opération est complexe aujourd’hui. Deux tendances majeures se distinguent, l’une à forte connotation religieuse et l’autre motivée par la recherche d’une démarcation sociale. Cet article est une revue de presse tirée de l’hebdomadaire La Vie éco.

Le 22/04/2022 à 19h50

Dans le temps, pour trouver un prénom au nouveau-né, on ne se compliquait pas la vie. Quand ce n’était pas le prénom du grand-père ou de la grand-mère, on s’inspirait du jour de naissance ou du nom du saint local. Ainsi, on retient Boujamâa et Jmiâ pour une naissance le vendredi, Kébir et Kébira lorsque la naissance a lieu lors de l'Aïd El Kébir, Miloud ou encore Mouloud quand le jour de naissance coïncide avec l'Aïd El Miloud. Bouchaïb, Reddad, Cherki, entre autres prénoms du genre, sont donnés en référence à un saint local, dans ce cas de la région d’Azemmour.

Bien sûr, le prénom Mohamed et Fatima étaient très dominants, tout comme les prénoms des prophètes, relève l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du 22 avril. Aujourd’hui, ce n’est plus tout à fait le cas. Le choix du prénom constitue un enjeu majeur et plusieurs considérations entrent en jeu. En effet, l’évolution des prénoms, explique un sociologue cité par le journal, suit les changements de la société, le positionnement culturel des parents et l’environnement social où ils évoluent.

Dans l’environnement traditionnel, le saint de la région est un inspirateur majeur. Le jour de la naissance ou d’un événement spécifique sont un deuxième générateur de dénomination, relève le spécialiste cité par La Vie éco. L’ascendance patriarcale est un troisième inspirateur, particulièrement le grand-père paternel. Au moment de l’indépendance et avec la scolarisation massive de la population, les prénoms choisis s’inspirent des personnes promues par la culture scolaire. Taha par exemple en référence à Taha Houssein ou Hamza et Khadija en référence à des figures religieuses.

Actuellement, ce sont des prénoms de distinction qui prédominent. Ryane, Inès, entre autres exemples. On constate néanmoins chez les parents aujourd’hui une certaine volonté de démarcation soit d’ordre culturel ou tout simplement pragmatique. Dans ce sens, la volonté marquée de revenir aux prénoms amazighs atteste de la force des revendications identitaires locales. La volonté de choisir des prénoms qui ont une connotation internationale reflète, d’un autre côté, le souci des parents de maximiser les chances de réussite de leur descendance. Surtout lorsqu’ils ont pour projet de les envoyer finir leurs études à l’étranger.

D’une manière globale, poursuit l’hebdomadaire, on peut distinguer deux tendances majeures dans l’évolution de la société marocaine via la symbolique des prénoms: une tendance d’ancrage et une autre de distinction. La première tendance est fondée sur le retour aux prénoms à connotation fortement religieuse, apanage des ruraux et des classes populaires. Pour les garçons, Adam, Imran, Hamza... Pour les filles, Zaynab, Khadija, Amina, Fatima Zahra...

Une deuxième tendance exprime la démarcation des segments à fort capital économique et social par la distinction par des prénoms rares, nouveaux, originaux, à caractère exotique et à la sonorité raffinée. Ce type de préférence reste la propension des classes moyennes et supérieures au Maroc. Nour, Aya, Daria, Sirine pour les filles, Nassim, Wassim, Anis, Ayman, Yani pour les garçons.

En somme, tout porte à croire , conclut La Vie éco, que pour la grande majorité des familles, le choix du prénom se fait de plus en plus en référence à la religion chez les familles imprégnées par l’idéologie islamiste, à la culture occidentale ou encore aux prénoms d’acteurs de films turcs, syriens ou autres.

Par Amyne Asmlal
Le 22/04/2022 à 19h50