Un signal retentit. À des centaines de kilomètres, une équipe opérationnelle s’active dans le centre de coordination de recherches et de sauvetage des Forces royales air de Casablanca (RCC). Sans un mot de trop, les canaux radio s’ouvrent, les liaisons téléphoniques s’enclenchent, les écrans affichent des données cruciales. L’alerte est lancée, le RCC entre en action.
Il faut tout d’abord savoir que le dispositif de recherches et de sauvetage, connu sous le nom de Search and Rescue (SAR), est l’expression concrète d’un principe du droit international. Sauver des vies humaines en danger est une obligation qui s’impose aux États, qu’il s’agisse d’accidents en mer ou d’incidents aériens, comme le rappelle le 115ème numéro de la revue L’Espace marocain des Forces royales air (FRA).
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Conscient de l’importance de ce dispositif, le Maroc s’est doté d’une organisation SAR structurée. Selon ce numéro de la revue, le Royaume «a mis en place des centres de coordination de sauvetage opérationnels 24 heures sur 24, 7 jours sur 7».
«Leurs missions primordiales consistent en la réception et le traitement des alertes ainsi que la coordination et la conduite des opérations pour la localisation des aéronefs en détresse et le sauvetage de leurs occupants dans les milieux maritime et terrestre», détaille-t-on.
Une organisation bien huilée
Il s’agit donc d’une architecture articulée entre plusieurs administrations civiles et militaires qui coopèrent de manière étroite. L’état-major de la Défense nationale, le ministère de l’Intérieur, le ministère du Transport et de la Logistique, le ministère de la Santé, le département de la Pêche maritime, l’Office national des aéroports, la Gendarmerie royale, la Direction générale de la sûreté nationale, la Marine royale et la Protection civile forment les piliers de cette organisation.
Chacun apporte ses moyens propres, ses compétences et ses relais sur le terrain. La Marine royale assure les opérations maritimes, la Gendarmerie intervient sur le territoire terrestre, la DGPC gère les secours et l’appui médical, l’ONDA et les services de la navigation aérienne assurent le lien avec les compagnies aériennes, les tours de contrôle et les centres de coordination régionaux.
Lors d'une opération de sauvetage.
Au niveau des Forces royales armées (FAR), le Centre opérationnel interarmées (COIA) est chargé de la gestion et de la coordination des moyens organiques des FAR lors d’un sinistre ou d’une catastrophe nécessitant une coordination interarmées, fait-on savoir.
C’est donc le COIA qui coordonne toutes les actions à entreprendre au niveau régional, en liaison avec les commandants des places d’armes et les commandants des secteurs maritimes concernés.
Toutefois, le COIA délègue au centre de coordination et de sauvetage concerné, sis au centre régional de contrôle et de navigation aérienne de Casablanca, la conduite des opérations SAR, sauf en cas d’accident aérien majeur nécessitant une coordination interarmées des opérations de recherche et de sauvetage.
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Le RCC Casablanca se trouve au Centre régional du contrôle de la sécurité de la navigation aérienne. Une implantation qui n’est pas du tout fortuite. Elle place le centre au cœur des flux d’informations aéronautiques civils et militaires, ce qui garantit une réactivité maximale. Le RCC d’Agadir, quant à lui, en montée en puissance, assure une fonction de secours en cas de saturation ou d’indisponibilité du centre principal.
Le RCC fonctionne en continu, sans interruption. Les équipes se relaient 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Chaque équipe est composée d’officiers spécialisés, de chefs d’équipes opérationnelles et de coordonnateurs SAR, tous formés à la gestion de crises, explique la revue des FRA.
Des missions clairement définies
Le RCC Casablanca assure plusieurs fonctions essentielles. Il reçoit et diffuse les alertes. Il évalue également la situation, détermine la zone probable du sinistre et organise la réponse. Il conduit les opérations aériennes de recherches et de sauvetage. Il largue du matériel de survie, dirige les interventions des équipes au sol et coordonne l’évacuation des rescapés, précise-t-on.
Le centre peut également participer, sur demande des autorités responsables, à toute autre opération de recherches et sauvetage des vies humaines sur terre et en mer (en dehors du cas des aéronefs en détresse qui relève de leur mission générale).
Il peut également assurer la coordination des moyens aériens de secours, en cas de déclenchement d’un plan d’organisation des secours, en dehors du cas des aéronefs en détresse, nécessitant l’engagement de moyens aériens du Maroc ou de pays amis.
Le RCC Casablanca dispose d’une flotte d’aéronefs adaptés à toutes les situations. Le C 130, capable de longues distances et d’importantes capacités d’emport, permet de couvrir des zones étendues et de larguer du matériel lourd. Le Casa CN235 assure des missions de reconnaissance et de transport plus souples, notamment en zone côtière. Le Puma SA330 et le Bell AB205 assurent la souplesse d’intervention, la récupération de naufragés et le transport sanitaire.
Ces aéronefs sont stationnés en alerte dans les bases aériennes nationales et peuvent décoller en quelques minutes après la réception d’une alerte.
Un réseau de communication intégré
Le bon déroulement d’une opération SAR repose sur une coordination permanente entre les différentes structures impliquées. Le RCC entretient des liaisons continues avec le COIA, les organismes de navigation aérienne, la Gendarmerie royale, la DGSN, la DGPC et l’Administration des douanes. Ces échanges s’effectuent par des réseaux téléphoniques, radio et télégraphiques sécurisés, conçus pour résister aux pannes et aux interférences. Chaque maillon de cette chaîne est donc indispensable.
Lorsqu’une alerte est déclenchée, le processus opérationnel se déroule selon une chronologie rigoureuse. La première étape est l’alerte. Elle provient la plupart du temps des organismes de navigation aérienne, civils ou militaires. Des aéronefs en vol, des stations radar ou des proches peuvent également signaler une disparition, relève la revue.
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Dès réception de l’alerte, la phase de recherche s’engage. Le RCC analyse le plan de vol, interroge les aérodromes de départ, de destination ou de déroutement à travers le plan d’interrogation des aérodromes. Il contacte les organismes de la circulation aérienne à travers le plan d’interrogation des organismes. Il croise les données radar et radio pour affiner la localisation de l’aéronef disparu. Cette phase est décisive, puisque chaque minute compte.
Lorsque la zone est déterminée, la phase de sauvetage commence. Les moyens aériens et maritimes sont engagés. Les équipes au sol sont déployées. Les accès sont sécurisés, les feux éventuels sont éteints, un poste médical avancé est installé et les rescapés sont évacués vers des structures de soins.
Les phases d’urgence
Les procédures internationales définissent trois phases d’urgence successives. La phase d’incertitude est déclarée lorsqu’aucune communication n’est reçue d’un aéronef dans les trente minutes suivant l’heure prévue ou lorsqu’il ne se présente pas à l’heure prévue.
Si les tentatives de contact restent infructueuses, la situation évolue vers la phase d’alerte. Lorsque tous les indices convergent vers une détresse avérée, la phase de détresse est déclenchée. À chaque étape, le RCC augmente le niveau de mobilisation et élargit le cercle des intervenants, précise-t-on.
Une opération SAR peut être clôturée lorsque la détresse a pris fin, que les survivants ont été secourus ou qu’il n’existe plus d’espoir raisonnable de retrouver des survivants. Cette décision est prise sur la base d’informations concrètes, d’évaluations techniques et en concertation avec les autorités compétentes. La rigueur est la même au moment de clore et de déclencher.
Il s’agit donc d’un engagement quotidien, puisque la mission du RCC Casablanca ne laisse aucune place à l’approximation. Les équipes sont formées à anticiper, à décider vite et à coordonner efficacement.












