En 2022, près du tiers des demandes de visas déposées par des voyageurs marocains auprès de pays de l’espace Schengen ont été sanctionnées par un refus. C’est ce que révèle le portail Schengenvisa.info, qui précise que 29,7% des 423.201 dossiers déposés par les Marocains en 2022 auprès des services consulaires des États de cette zone ont reçu une réponse négative.
Le taux de refus du Maroc, 4ème pays émetteur de demandes de visa Schengen en 2022, dépasse largement le taux global de 17,9%, classant le Royaume parmi les pays ayant enregistré les taux de rejet les plus élevés dans le monde.
«Même la Russie, dont les voyageurs ont été interdits d’obtention de visas Schengen en 2022 par de nombreux États membres de l’espace Schengen, a un taux de rejet de 10%, bien inférieur à celui du Maroc», souligne le site. Seuls 28 pays sur 163 affichent des taux de rejet plus élevés que le Maroc, notamment l’Algérie (48,2%), la Tunisie (30,3%), le Nigéria (45,6%) ou encore la Côte d’Ivoire (29,8%).
La France et l’Espagne, champions des refus
Parmi les 26 États membres de l’espace Schengen, la France et l’Espagne sont ceux qui ont refusé le plus grand nombre de demandes marocaines. Sur plus de 161.000 dossiers, Paris en a rejeté 51.498, soit près d’un tiers, alors que Madrid a rejeté plus de 50 000 dossiers, sur plus de 200.000 déposés, soit le quart des demandes. Les deux pays ont représenté 85% du total des rejets, un pourcentage somme toute logique puisqu’ils reçoivent 83% des demandes marocaines de visa Schengen.
Nombre de visas Schengen approuvés et rejetés pour les Marocains au cours des cinq dernières
Source: Schengenvisa.info.
Bien évidemment, ces rejets massifs sont synonymes d’une importante perte financière pour les demandeurs de ce sésame. Outre le paiement des frais (autour de 80 euros, selon les pays), ils doivent souscrire à une assurance voyage, procéder à une réservation d’hôtel dans le pays d’accueil, obtenir un certain nombre de documents, sans oublier les frais de service imposés par des tiers, notamment les centres de dépôt de demande de visa. Autant de dépenses non remboursables.
Toujours selon Schengenvisa.info, les Marocains avaient ainsi déboursé pas moins de 3 millions d’euros en 2021 pour des demandes de visa Schengen qui ont été refusées. Et selon toute vraisemblance, le montant correspondant à l’année 2022, que le site ne mentionne pas, aura nettement évolué à la hausse. On peut l’estimer, par un simple calcul arithmétique, à plus de 8 millions d’euros, puisque le nombre de demandes marocaines de visa Schengen a été pratiquement multiplié par trois entre les années 2021 et 2022 (157.100 demandes en 2021).
Un taux de refus en hausse
À 29,7%, le taux de refus des demandes marocaines de visa Schengen connaît en 2022 une nouvelle hausse, après celle de l’année 2021, qui s’était soldée par un taux de rejet de 27,6%. Ce dernier a été sensiblement dopé après la décision française de réduire de 50% l’octroi de visas aux ressortissants marocains. Une mesure qui a été vigoureusement dénoncée par le Maroc et sur les réseaux sociaux, et qui a alimenté la dégradation des relations entre Rabat et Paris.
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L’exploitation des données personnelles des demandeurs de visa a également été pointée du doigt par la Commission nationale de contrôle de la protection des données personnelles (CNDP). Dans un communiqué publié le 6 janvier 2023, l’instance révélait que la société TLS Contact, prestataire de collecte de demandes de visas (entre autres) pour la France, avait régulièrement transféré à deux institutions gouvernementales étrangères (sans les nommer) des extraits d’enregistrements de vidéosurveillance.
En février 2023, un collectif d’associations et d’organisations marocaines, dont la Ligue marocaine pour la défense des droits de l’homme et le Forum marocain des jeunes journalistes, avaient dénoncé le traitement discriminatoire dont seraient victimes les Marocains lors de la demande visas. Elles fustigeaient notamment les retards dans le traitement des dossiers, ainsi que la hausse des taux de rejets. Ces nouvelles statistiques sur les rejets de visas en 2022 risquent de raviver les critiques.