C’est un vrai pavé dans la mare que la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC) a jeté, au début de cette semaine, en annonçant la présence de substances dangereuses dans le pain et de substances cancérigènes dans la farine.
«Aujourd’hui, nous pensons que le pain que mangent les Marocains présente des risques pour leur santé. Les conditions de vente, de production et de transport du pain ne sont pas réglementées. Avant ça, la farine produite par les minoteries et qui est utilisée pour faire le pain n’est pas contrôlée par l’ONSSA. Au niveau des boulangeries, les contrôles sont inexistants et le manque de traçabilité est criant, notamment au niveau des ingrédients et des techniques de cuisson. Aussi, en 2017, nous avions prouvé, en se basant sur une étude, que le pain consommé contient des doses importantes de sucre et de sel, ce qui présente un réel danger pour la santé des citoyens», indique le Dr. Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur.
La Fédération nationale de la boulangerie et pâtisserie du Maroc (FNBPM), de son côté, se dit surprise et dément catégoriquement ces accusations.
Lire aussi : Des produits cancérigènes dans le pain des Marocains
«La farine, l’eau et la levure et les ingrédients que nous utilisons sont autorisés. Concernant le sucre, je vous assure qu’aujourd’hui c’est un problème qui ne se pose plus car les boulangers n’utilisent plus cet ingrédient dans leur préparation. Concernant le sel, nous suivons les consignes de l’OMS», explique Lahoucine Zaz, président de la FNBPM.
De son côté, l’Office nationale de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) rassure. «Le blé marocain ne contient pas de produits toxiques ni d’OGM. La production nationale de blé est conforme en matière de sécurité sanitaire. La totalité du blé importé est contrôlée sur le plan physico-chimique (mycotoxines, résidus de pesticides et des métaux lourds). En ce qui concerne le marché local, les inspecteurs de l’ONSSA contrôlent les céréales au niveau des établissements de stockage autorisés et ce, dans le cadre des visites sanitaires de suivi en procédant également aux vérifications nécessaires de leur conformité et sécurité sanitaire», confie Khadija Arif, cheffe de la Division de contrôle des produits végétaux et d'origine végétale au sein de l’ONSSA.
C’est ainsi que plus de 90 établissements de stockage des céréales et 132 minoteries industriels sont autorisés sur le plan sanitaire et contrôlés régulièrement par l’ONSSA.
En ce qui concerne les boulangeries, les contrôles s’effectuent par des commissions mixtes préfectorales regroupant plusieurs départements ministériels. En 2020, 20.000 visites de contrôle y compris celles des boulangeries ont été effectuées par ces commissions.
Lire aussi : De la farine toxique d’origine française en vente au Maroc
Pour les boulangeries industrielles, elles sont soumises à l’autorisation et au suivi sanitaire régulier de l’ONSSA. Actuellement, il y a 116 unités autorisées par l’ONSSA sur le plan sanitaire.
«L’office nationale de sécurité sanitaire des produits alimentaires garantit que le pain et la farine consommés par les Marocains sont sans danger pour leur santé», rassure Khadija Arif.
Si les points de vue divergent sur la dangerosité du pain et de la farine sur la santé des citoyens, l’ensemble des acteurs dénoncent l’activité des fabricants et vendeurs de pain informels, qui évoluent et commercent en dehors de toute légalité.