La fermeture des écoles a été une des premières mesures appliquées dans le cadre de la lutte contre le nouveau coronavirus. Cette décision, prise au mois de mars dernier, a eu un impact conséquent sur l’enseignement et a forcé le ministère de l’Education nationale à déployer un ensemble de moyens techniques pour assurer la continuité des cours.
L’enseignement à distance a révélé l’ampleur de la fracture numérique, mais aussi les inégalités criantes qui existent entre les villes et le monde rural. Manque de moyens financiers pour l’achat d’ordinateur ou de smartphones pour les enfants, coût des recharges internet conséquent, manque de couverture réseau… Telles ont été les difficultés auxquelles ont dû faire face les parents d’élèves dans le monde rural.
«J’ai deux filles scolarisées: une au collège et une encore en primaire. Je n’ai qu’un seul téléphone, je l’ai laissé à l’aînée pour qu’elle puisse suivre les cours par Whatsapp. La cadette en revanche, avec la fermeture des écoles, n’a plus suivi de cours. Elle avait de bons résultats au premier trimestre, c’est ce qui lui a permis de passer au niveau supérieur», indique un habitant de Beni Yaguerine dans les environs de Guisser.
La grande majorité des habitants de cette localité ont fait le choix d’inscrire leurs enfants en présentiel, témoigne Hicham Jarmouni, vendeur de fournitures scolaires et acteur associatif.
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«En ce qui concerne l’achat de fournitures, les parents d’élèves hésitent encore, par peur d'un retour au confinement ou d'une fermeture des écoles. Ici, la plupart des parents d’élèves ont choisi d’inscrire leurs enfants en présentiel. J’ai aidé à remplir près de 3.000 demandes depuis le début des inscriptions. Concernant l’enseignement à distance, ici, à la campagne, en plus des difficultés matérielles et d'une couverture réseau faible, les parents ne sont pas toujours suffisamment alphabétisés pour pouvoir accompagner leurs enfants», confie-t-il.
La plupart des parents d’élèves rencontrés à Beni Yaguerine témoignent de l’absence de suivi des cours pour les élèves du primaire, mais saluent les efforts des professeurs pour le maintien de l'enseignement du cycle secondaire.
«Pour le primaire, les cours ont cessé avec la fermeture de l’école. Pour le secondaire, en revanche, les professeurs ont assuré les cours à distance à travers Whatsapp. Pour cette rentrée scolaire, nous avons discuté avec l’école et nous avons décidé de diviser les classes en deux groupes. Avant, nous avions des classes de 30-35 élèves. Pour cette rentrée, nous aurons des groupes de 15 élèves et un système de rotation», explique Maouad Bouaaza, président de l’association des parents d’élèves.
Celui-ci déplore que le président de la commune n'ait toujours pas résolu le problème du transport scolaire. «Malgré nos nombreuses demandes, il n’a toujours pas trouvé de solution. Les enfants vont être obligés de marcher 4 ou 5 kilomètres pour se rendre à l’école», regrette-t-il.
Face aux difficultés que pose l’enseignement à distance dans le monde rural, l’ensemble des habitants de la région de Guisser se réjouissent de la réouverture des classes, mais ils craignent un retour au confinement ou la fermeture des écoles. Ce qui serait synonyme d’année blanche pour leurs enfants.