Le nombre de détenus au Maroc ne cesse de grimper et atteint des niveaux jamais vu auparavant. Se basant sur les chiffres du prochain rapport de la Direction générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice, a révélé que les différentes prisons du Royaume totalisaent désormais plus de 90.000 détenus.
Lors de la présentation du budget sectoriel de son département au titre de l'exercice 2022 devant la commission de justice, de législation et des droits de l'homme à la Chambre des représentants, le ministre a qualifié la situation de «difficile». Il compte y remédier en procédant à la libération régulée de détenus, en s’appuyant notamment sur la libération conditionnelle.
Pour cela, le ministre a indiqué avoir demandé aux directeurs du département de la Justice de travailler sur les mesures à même d'intensifier le recours à la libération conditionnelle, en faveur des détenus ayant fait preuve de bonne conduite et d’aptitude à la réinsertion. Ces mesures seront introduites dans le projet de refonte du code pénal qui sera soumis prochainement au gouvernement, a fait savoir Ouahbi.
Il faut dire que la libération conditionnelle au Maroc reste très peu appliquée, bien qu’elle soit prévue par l’article 59 du Code pénal. Mais sur le terrain, les demandes de libération conditionnelles reçoivent généralement peu de réponses favorables. Abdellatif Ouahbi, avocat de profession, récemment nommé à la tête du département de la Justice, veut que cela change.
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«Les détenus qui se conduisent bien, qui montrent une volonté d’insertion, qui font preuve d’un bon comportement, qui font des études, qui se sont formés à un métier, doivent pouvoir bénéficier de la libération conditionnelle, qui viendra en complément des grâces royales, que le Roi accorde régulièrement à l’occasion des fêtes religieuses et nationales», a expliqué Abdellatif Ouahbi.
Et de conclure: «j’assume entièrement ma responsabilité administrative, juridique et politique dans la prise de cette décision. Cette mesure est prévue dans la loi, il faut l’appliquer».
Pour rappel, l’article 59 du Code pénal souligne que «la libération conditionnelle fait bénéficier le condamné, en raison de sa bonne conduite dans l'établissement pénitentiaire, d'une mise en liberté anticipée, à charge pour lui de se conduire honnêtement à l'avenir et sous la condition qu'il sera réincarcéré pour subir le complément de sa peine en cas de mauvaise conduite dûment constatée ou d'inobservation des conditions fixées par la décision de libération conditionnelle».