"J’avais classe, ce mercredi de 14 à 18 heures, et pendant que je travaillais sur des contrôles continus, un jeune élève est venu m’alerter qu’un autre élève voulait s’en prendre à moi, qu'il était armé d’un couteau et me guettait. Je ne l'ai pas pris au sérieux comme je n’ai pas averti l’administration. J’ai par contre appelé mon mari et lui ai fait part de cette affaire", nous raconte Rachida Makhlouf.
Au moment de la sortie des classes, il faisait noir et il y avait foule devant la porte. "C’est là où j’ai senti que quelqu’un me poussait par derrière. Je me suis retournée, et tout ce dont je me souviens, c’est le regard de mon agresseur, puis son dos qu'il me tourne au moment où il prenait la fuite. Ce n'est qu'après que j’ai senti qu’il y avait du sang qui dégoulinait sur mon visage, Je me suis effondrée. Je ne me rappelle même plus le moment où il m’a agressé", poursuit-elle
Effondrée, l'enseignante l’est toujours psychologiquement. "Je veux juste savoir quel mal j’ai fait à cet élève pour qu’il s’en prenne à moi de cette manière", s'interroge-t-elle. Elle raconte que depuis le début de l’année scolaire, l’élève en question ne s’était présenté à ses cours qu’une seule fois et qu’il était passé juste avant les dernières vacances par un conseil disciplinaire parce qu’il avait déjà attaqué une autre enseignante. "Tout ce que nous avions décidé lors de ce conseil est sa mutation et non son renvoi. Cela ne méritait pas autant de violence", explique Rachida Makhlouf. Elle précise également que la maman de l’élève s’était elle aussi présentée au lycée et, contestant la décision du conseil disciplinaire, elle avait attaqué verbalement l’enseignante, l’accusant de tous les maux.
"J’en viens à regretter jusqu’à mon choix d’enseigner. Ce métier est méprisé. C’est la hogra. Pourtant, je me suis battue pour l’exercer. Au lieu d’encadrer nos élèves, nous commençons à en avoir peur. Le résultat, vous le voyez", conclut-elle, les larmes aux yeux.