C’est dans l’enceinte du Stade olympique casablancais, le SOC, que Le360 a rencontré Elie Levy. Pour l’ancien président de ce club communautaire, historique à Casablanca, la communauté juive a évolué de manière «négative» à propos de leur nombre.
«Il y avait près de 300.000 juifs au Maroc à l’Indépendance, aujourd’hui il y en a près de 3000. C’est une diminution drastique», indique Elie Levy.
Historiquement, la présence juive au Maroc remonte au IIe et 1er siècle avant Jésus-Christ. Au fil du temps et des événements historiques, notamment la fuite des persécutions dans la péninsule ibérique en 1492, la communauté juive a cru au Maroc jusqu’aux premiers départs vers Israël dans les années 50 et 60.
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Cependant, malgré la fonte de la communauté juive du Royaume, les institutions juives sont restées fonctionnelles et l’attachement pour le pays est resté intact.
«Les institutions qui existaient quand il y avait 300.000 personnes ont continué de fonctionner normalement pour les 3.000 personnes qui sont restées. Il y a l’O.S.E qui vient en aide aux enfants, le home des vieux, les écoles et les clubs comme le cercle de l’alliance, le cercle de l’union, le SOC… Le SOC a été créé par des personnalités juives il y a 70 ans. A l’époque, les clubs de tennis étant interdits aux juifs et aux musulmans, ils ont décidé de faire leur club pour pouvoir jouer. Aujourd’hui c’est un club communautaire. Les juifs ont vécu au Maroc d’une façon extraordinaire grâce à sa majesté Hassan II et sa majesté Mohammed VI qui est un souverain exceptionnel», témoigne l’ex-président du club.
En matière de coexistence, le Maroc est un modèle unique au monde du fait de nombreuses spécificités.
«Le Maroc est le seul pays dans le monde où on trouve des musulmans et des juifs dans les écoles de l’Alliance universelle. L’Alliance est une organisation créée en 1860 par des intellectuels en France et il se trouve que la première école de l’Alliance a été fondée à Tétouan, c’était une école pour filles juives. Il y a eu jusqu’a 150 écoles de l’Alliance au Maroc, mais suite aux départs successifs, elles ont fermé les unes après les autres, il n’en reste plus que 4 à Casablanca», explique Elie Levy.
Autre spécificité relevée par notre interlocuteur, c’est l’attachement des juifs du Maroc à leur Royaume et aux traditions marocaines, malgré leur départ du pays.
«Dans les habitudes, dans les traditions, dans la gastronomie, dans la façon de vivre de tous les jours, ils sont restés marocains dans l’âme. Pendant les fêtes par exemple, après la fin de la Pâque, au Maroc, nous avons l’habitude de recevoir nos amis musulmans, cette pratique est restée partout dans le monde où les juifs marocains ont été», confie l’homme.
Le Maroc est aussi une destination spirituelle et une terre de pèlerinage pour les juifs qu’ils soient marocains ou de partout dans le monde.
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«Il y a 400 ou 500 ans, 7 rabbins sont venus au Maroc pour récolter des fonds mais au final ils y sont restés et sont morts au Maroc. C’est sur ces saints que les Juifs pèlerinent. Là aussi, il y a une spécificité marocaine, certains de ces saints sont aussi visités par les musulmans», souligne Elie Levy.
Concernant la reprise des relations entre le Maroc et Israël, de manière plus large avec certains pays arabes, ce Marocain originaire d’Agadir, s’en réjouit et espère que cela apportera enfin la paix entre Palestine et Israël.
«Je nourris l’espoir que les normalisations entre Israël et les pays arabes vont continuer et qui je l’espère seront un tremplin pour une paix juste entre israéliens et palestiniens. Je pense que le Maroc a un rôle important à jouer dans cette transaction», explique-t-il.