Vidéo. Conducteur Uber au Maroc: un métier à risques

 
 

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Les chauffeurs de taxis agressent les conducteurs Uber à Casablanca. La plainte de la wilaya contre cette société n’a fait qu’exacerber le rejet d'Uber auprès de certains chauffeurs de taxis rouges. Une véritable chasse à l’homme est lancée. Enquête.

Le 01/01/2017 à 17h09

Les conducteurs de petits taxis à Casablanca ne décolèrent pas. Ces dernières semaines, ils multiplient les sit-ins de protestation contre l’entreprise Uber.

Depuis son installation, il y a un an au Maroc, cette entreprise technologique américaine dérange les taximen qui la considèrent comme étant une véritable menace pour leur travail.

Ainsi, ils poursuivent une campagne virulente sous le slogan «Uber, dégage!».

Leurs agressions prennent différentes formes: course-poursuite à travers la ville ou interférence dans les courses... Et certains vont même jusqu'à tendre des pièges.

C’est ce qui s’est en effet passé avec l'un des chauffeurs Uber qui a été attaché dans sa voiture par plusieurs chauffeurs de taxis conventionnels après qu’une dispute ait dégénérée. Résultat: 48 heures en garde-à vue pour ce chauffeur Uber, qui raconte sa mésaventure sous couvert d'anonymat. 

 

Un autre chauffeur Uber, Mohammed Hajli, ancien fonctionnaire à la police aujourd’hui retraité, a choisi de travailler avec Uber pour continuer à assurer une vie décente à sa famille.

Il confie à le360 sa dernière mésaventure. «Un client a réservé à travers l’application. Je devais le récupérer sur la route d’El Jadida. Lorsque j’arrive, je trouve un homme avec un attaché-case qui m’attend. Je n’ai rien soupçonné, mais dès qu’il est monté à bord, il a pris ma clé de contact et lorsque je me suis retourné; j'ai vu plusieurs taxis blancs qui m'ont obligé à m’arrêter (...) ».

Mohammed Hajli est jusqu'à présent choqué par ce comportement qu’il considère comme étant illégal. «En tant qu’ancien fonctionnaire à la police, il m'est inconcevable que ce soit ces chauffeurs de taxis qui fassent eux-mêmes la loi. C’est aux agents d’autorité de constater si illégalité il y a et d’agir en conséquence».

Abdelhak Dahbi, le secrétaire national de la Fédération des syndicats du transport routier affirme l’existence de ce genre de comportements et dit les contester.

«Nous appelons les chauffeurs de taxis à faire preuve d’éthique. Insulter ou arrêter un conducteur Uber et entraver la circulation, je suis personnellement contre», déclare-t-il à le360.

Plusieurs réunions avec les autorités de la métropole ont eu lieu, et la dernière qui s’est déroulée en août 2016, s’est soldée par une plainte de la wilaya de Casablanca contre l’entreprise Uber au Maroc. La wilaya considère de ce fait la une société illégale comme illégale.

Cette plainte, selon Abdelhak Dahbi encourage les chauffeurs de taxis à appeler la police pour embarquer la voiture Uber à la fourrière.

Cette entreprise, contestée sans exception par les chauffeurs de taxis dans tous les pays où elle est implantée, dérange les taxis mais nullement les usagers casablancais.

Sur la page «Tous pour Uber à Casablanca» sur facebook, les commentaires positifs sont légion.

Les citoyens regrettent l'état «délabré» des véhicules. D’autres rappellent le nombre de fois où les chauffeurs de taxis rouges même vides, refusent de s’arrêter.

Certains partagent des anecdotes tristes, des usagers victimes de chauffeurs "violeurs", ou de chauffeurs "chauffards".

Malgré une tension qui s'aggrave ces derniers temps due notamment aux attaques contre les conducteurs Uber, l’équipe marocaine envisage toujours l’avenir avec sérénité.

"Le problème subsiste avec certains chauffeurs de taxis, mais pas tous. Nous tenons régulièrement des réunions avec les chauffeurs de taxis durant lesquelles le management leur propose d’intégrer le réseau Uber", explique Meriem Belkziz, directrice générale d’Uber Maroc, rencontrée dans les locaux casablancais, sur le boulevard Rachidi par le360.

Elle nous confie également que "jusqu'à présent, ils sont 250 taxis conventionnels à avoir installé l’application et avoir rejoint le réseau. Ce dernier s’étend et cette expansion dérange". 

Toufois, malgré notre insistance, elle se refuse de révéler le nombre exact des conducteurs Uber à Casablanca. «Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’ils sont de plus en plus nombreux. Nous croulons sous la demande ».

La patronne d’Uber indique également qu’un cabinet d’avocat planche sur la question de la plainte de la wilaya.

«Nous sommes en dialogue avec les autorités. Mais vous savez, comme pour toute avancée et dans toutes les révolutions, il y a résistance», se contente t-elle de déclarer.

La question de l’illégalité d’Uber ne se pose pas pour Meriem Belkziz qui considère qu’Uber est une entreprise technologique qui développe et exploite des applications mobiles de mise en contact d’utilisateurs avec des conducteurs pour réaliser un service de transport.

«A chaque fois qu’on nous arrête, on nous dit que nous faisons du transport clandestin. Mais ce n’est pas vrai puisque nous travaillons avec une entreprise autorisée au Maroc, qui n’est pas clandestine», déclare Issam Slimani, conducteur Uber et porte-parole des conducteurs.

Les conducteurs Uber au Maroc comptent créer une association pour défendre leur droits et être une force pour contrer les attaques virulente de certains syndicats de taxis. 

Par Qods Chabaa et Saad Aouidy
Le 01/01/2017 à 17h09