Du centre d’accueil des immigrés et des réfugiés de Sebta, la famille Alichi s’est confiée au quotidien espagnol El Pais. Son récit, rapporté par le journal Akhbar Al Yaoum dans son édition de ce mardi 8 septembre, est accablant pour le régime syrien et pour les pays occidentaux.
La mère, Bouchra, âgée de 45 ans et accompagnée de ses deux enfants de 12 et 15 ans ainsi que de son mari, Oussama, blessé au genou, ne désespère pas. De leur domicile abandonné à Darâa, à proximité de Damas, jusqu’à Sebta, en passant par l’Algérie et le Maroc, les Alichi ont résisté tant bien que mal, avec comme unique espoir celui de regagner la Belgique ou l’Allemagne où la famille pourra être accueillie par des parents proches d’Oussama.
Avant le début des hostilités, les Alichi menaient une vie paisible. Le mari et père de famille, commerçant dans le bazar de Damas, était également propriétaire d’un restaurant. Les deux enfants, quant à eux, fréquentaient les meilleurs établissements de la capitale syrienne, d’où leur parfaite maîtrise de l’anglais. Et la mère se souvient de la saveur de ce bonheur familial dans la ville de son enfance. Mais, au premier coup de canon, aux premiers sons des bombardements, la famille Alichi a compris que son avenir ne se ferait plus en Syrie. «Nous avons tout perdu, nos amis, nos voisins. Notre ville n’existe plus, nous sommes une terre morte», regrette Bouchra, qui se demande encore aujourd’hui «qui voulait la destruction de sa ville et pourquoi».
La ville de Darâa, explique-t-elle, a été l’une des premières villes à se rebeller contre le diktat du régime syrien. Et la réponse du régime, rapporte Akhbar Al Yaoum, a été sanglante, comme l’explique Bouchra. «On nous étouffait à l’intérieur de nos maisons et, quand on sortait, on nous recevait à coups de tirs et de balles», se souvient-elle amèrement.
Pour elle, les soldats de Bachar Al Assad ont puni la population pour se venger de la victoire de l’opposition aux élections locales. Une vengeance qui a brisé tant de familles, dont cette famille coincée à Sebta «dans l’indifférence des pays européens qui n’ont pas bougé un pouce pour contrer le régime de Bachar, parce le pays n’a rien à leur offrir», souligne Bouchra.





