Agée d’à peine 14 ans et enceinte, Meryem, une adolescente du village de Boumia, dans le sud-est du pays, a vécu un cauchemar en subissant un avortement clandestin qui s’est soldé par sa mort. Selon un communiqué publié mardi par l’ONG marocaine Printemps de la dignité, un collectif qui rassemble vingt-cinq associations féministes, «l'avortement s'est déroulé au domicile d'un jeune homme qui exploitait sexuellement la victime». Selon différentes sources, l’homme serait âgé de vingt-cinq ans.
Dans ce même communiqué, le collectif explique que les circonstances de cette intervention, qui s’est déroulée en présence d’une sage femme et d’un technicien de l’hôpital d’Azrou qui se serait fait passer pour un infirmier, ont entraîné une grave hémorragie qui s’est soldée par la mort de la jeune fille.
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Ibtissam Lachgar, fondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (M.A.L.I.), explique quant à elle sur Twitter que l’avortement a été pratiqué en présence du propriétaire du domicile et de la mère de l’adolescente, tout deux interpellés au même titre que la sage-femme et le technicien -qui serait électricien de profession-, par la gendarmerie royale.
Rappelant sa position pour une législation qui protège les femmes contre les violences et la discrimination basée sur le genre, le collectif a dénoncé un «acte odieux et une double violence dont cette fille a été victime, notamment un viol qui a abouti à une grossesse et un avortement clandestin dans des conditions dangereuses auxquelles elle a été soumise, malgré la détérioration de son état de santé».
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«Nous portons à l’Etat l’entière responsabilité de pousser les femmes et les filles à recourir à l’avortement clandestin à risque, quelque que soient les circonstances dans lesquelles la grossesse a eu lieu, sans tenir compte de la souffrance des femmes et des filles en cas de grossesse non désirée», a fustigé le Printemps de la dignité. Et d’exiger une «réforme radicale» des termes du code pénal dans le respect des principes de la constitution et des pactes internationaux.
Suite à la mort de cette jeune fille ayant eu recours à un avortement clandestin, comme c’est le cas de 600 à 800 autres femmes au Maroc chaque jour, le Printemps de la dignité a appelé «à lever la criminalisation de l’avortement médicalement assisté et l’encadrer dans un code de la santé publique, selon les critères fixés par l’Organisation mondiale de la Santé et en faire un service public dont les femmes peuvent bénéficier chaque fois que la grossesse présente une menace pour leur santé physique, psychologique, mentale ou santé sociale».