Un mégaprédateur marin à l’appétit insatiable, existait au Maroc il y a environ 67 millions d’années

Reconstitution artistique du Thalassotitan atrox. . DR

Les restes d’un mégaprédateur marin existant il y a environ 67 millions d’années font partie de la collection de fossiles de l’Office chérifien des phosphates. Ce reptile marin, qui mesure deux fois la taille maximale d’un grand requin blanc, a été découvert au Maroc.

Le 26/08/2022 à 10h27

Rassurez-vous. Ou pas. Le requin n’est pas le pire des prédateurs marins. Il s’appelle le thalassotitan atrox, du grec thalassa (mer), titan (géant) et atrox (cruel ou impitoyable), et mesure 12 mètres de long avec un crâne énorme de 1,4 mètre soit deux fois la taille maximale d’un grand requin blanc. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il a existé au Maroc, dans l’océan Atlantique, 60 millions d’années avant l’apparition de l’Homme.

Ce mégaprédateur marin a été découvert par une équipe internationale réunissant des chercheurs du Centre de recherche en paléontologie de Paris, du Muséum national d’histoire naturelle, du CNRS, et de l’Université de la Sorbonne, ainsi que des Universités de Bath, de Bilbao et de l’Office chérifien des phosphates (OCP).

Cet Office dispose et enrichit depuis 2000, d’après les explications du paléontologue Nourredine Jalil, professeur chercheur du Muséum national d’histoire naturelle, d’une collection de fossiles extraits de sédiments marins formés dans les grandes rivières ou les lacs. «C’est ce qu’on appelle la mer des phosphates. Et les fossiles de ce reptile marin en l’occurrence ont été extraits des bassins phosphatiers de Oulad Abdoune à Khouribga», souligne celui qui est également professeur chercheur associé à l’Université Cadi Ayad de Marrakech.

Cette unité mixte a commencé à étudier ce fossile il y a plus d’un an et il n’est pas exclu, selon Nourredine Jalil, que d’autres sédiments du même âge soient dans l'avenir attribués à la même espèce. En attendant, plusieurs informations concernant ce Thalassotitan atrox ont été publiées par le Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Il s’agit d’un mosasaure au museau court et large avec des dents massives et coniques ressemblant comme deux gouttes d’eau à celles des orques modernes.

Le Muséum précise que cet impitoyable reptile marin vivait il y a plus de 66 millions d’années durant l’ère du Crétacé supérieur «lorsque l’océan Atlantique recouvrait une partie du Maroc par une mer peu profonde». D’autres espèces de mosasaures vadrouillaient dans la zone, mais le Thalassotitan atrox était au sommet de la chaîne alimentaire. «Les mâchoires et les dents de ce grand lézard marin lui servaient à saisir et déchiqueter de grandes proies, indique le communiqué de presse. D’après la forme et l’état des dents cassées et usées de Thalassotitan atrox, son régime alimentaire devait être constitué de grands poissons et d’autres vertébrés, dont les carcasses endommageaient grandement ses dents».

Pour Nourredine Jalil, cette découverte, comme tant d’autres, permet de reconstituer l’histoire de la vie. «Quand vous emmenez un enfant dans un musée d’histoire naturelle et que vous le mettez en face d’un fossile de dinosaure par exemple, vous voyez ses yeux qui brillent. C’est la preuve que ce genre de connaissance scientifique est d’un grand apport à l’être humain», affirme notre interlocuteur qui regrette en passant que le Maroc ne dispose toujours pas d’un musée d’histoire naturelle et du patrimoine géologique en bonne et due forme.

Par Qods Chabaa
Le 26/08/2022 à 10h27