C’étaient précisément ces mêmes recettes qui avaient conduit le Souverain à vouloir élaborer un nouveau modèle. D’ailleurs Sa Majesté le Roi a été clair dans ses propos: de l’audace!!!!
Nous devons bien sûr faire confiance aux membres de la Commission -animés de convictions- mais nous tous, collectivement, nous devons apporter notre pierre à l’édifice.
La joie de vivre? Envolée!
L’espoir? Oublié!
La confiance? Disparue!
C’est la démoralisation qui a gagné tous les étages et seul un électrochoc peut inverser la tendance.
Un baromètre qui ne trompe pas est l’état d’esprit de notre jeunesse: à 20 ans, on est généralement l’incarnation de l’envie de vivre, or là, dans le meilleur des cas, nos jeunes tentent de s’accrocher, dans le pire des cas, ils meurent en Méditerranée, se suicident par la drogue ou deviennent des morts-vivants…
Il faut faire table rase! Il faut repartir de zéro (bien sûr c’est une façon de parler, car de vrais atouts demeurent, ne serait-ce que cette stabilité, devenue chose la plus rare au monde)…
IL FAUT RECONSTRUIRE UN PACTE SOCIAL.
IL FAUT REBATIR UN CONTRAT MORAL ET SOCIAL ENTRE NOUS TOUS!
Nous ne nous en sortirons que tous ensemble.
Nous ne pouvons nous offrir le luxe de nous priver du moindre talent, après tout que nous dénoncions, que nous critiquions, que nous mettions en avant les raisons d’y croire, que nous faisions preuve d’optimisme -dès l’instant où nous sommes de bonne foi- nous voulons tous le meilleur pour notre Pays.
Les obstacles qui nous guettent, les pièges qui nous sont tendus sont nombreux: que la Commission soit en-deçà des attentes et des espoirs de nos concitoyens, que la population ne retrouve plus la confiance perdue, que notre jeunesse, parce qu’impétueuse, parce que légitimement impatiente, et parce que certains seront «influencés», en arrivent à insulter le Pays, les institutions, et l’avenir, et que s’instaure un cycle infernal de «rébellion, répression».
Pourquoi d’ailleurs taire le danger que font planer les manipulateurs qui se moquent bien de l’avenir de nos jeunes, et de l'avenir de 40 millions de Marocains, dire cela, n’est pas se placer dans un camp de Bisounours, mais le dire clairement, c’est faire preuve de franchise et assumer le risque de déplaire.
Un électrochoc, donc. Cela veut dire rupture, cela veut dire courage, cela signifie de parier sur l’avenir. Les Marocains ont changé, changent, les jeunes générations ne sont pas élevées avec les mêmes lignes rouges que leurs parents, chevillées au corps, le web et les réseaux sociaux sont aussi passés par là, pourquoi en avoir peur, pourquoi ne pas y voir une chance, une opportunité?
En fait, le nouveau modèle de développement passe d’abord, et surtout, par le social, par l’humain, et là aussi soyons sincères: les difficultés ne viennent pas «d’en haut», mais bien au contraire, proviennent des échelons intermédiaires, des détenteurs d’un «petit pouvoir» qui écrasent un jeune pour jouir de ce sentiment de puissance, j’allais dire «pour le plaisir»…
Commençons donc par cela, par (re)donner un contenu concret à ces mots: respect, dignité, responsabilité.
Commençons par nous donner les moyens de combattre la médiocrité -source de tant de maux, qui vont de l’absence totale de conscience professionnelle, à la corruption, en passant par l’incompétence.
Sommes-nous prêts à appeler aux postes de responsabilité dans l’Administration -immédiatement- toute une nouvelle «race» de jeunes fonctionnaires, compétents, formés, intègres, au service du Citoyen????
Essayons donc, et nous verrons alors la confiance revenir, un nouveau rapport se créer avec la population et un climat propice au changement en profondeur s’installer…
Que veut-on faire de notre jeunesse? Quels modèles lui offre-t-on, quelle société veut-on lui laisser et quels jeunes voulons nous laisser à notre pays?
Tout dépendra des réponses que nous apporterons à ces questions fondamentales et qui seront un clou dans la chaussure de notre développement si elles sont escamotées.
Ahmed Ghayet
Acteur associatif et culturel
Auteur
Président de l’association Marocains Pluriels.