Un autocar complètement détruit par le feu en 2009, à Marrakech, continue de sillonner les routes du pays en exploitant une ligne de transport interurbain. En réalité, ce n'est plus vraiment le même puisqu'il s’agit d’un autre bus, introduit illégalement au Maroc et roulant avec les papiers du premier et son numéro de châssis. C’est d'ailleurs loin d’être un cas isolé, constate le quotidien Assabah qui rapporte l’information dans son numéro du jeudi 6 février.
D’après le quotidien, des transporteurs exploitant les lignes interurbaines ont pu renouveler leur flotte sans investir dans des véhicules neufs. Ils recourent tous à des autocars introduits par dizaines au Maroc en contournant les procédures douanières, autocars qu’ils entreprennent «d’habiller» avant de les mettre en circulation. Citant des professionnels du secteur, le quotidien pointe le manque de contrôle technique des véhicules de transport public en circulation.
Le quotidien soupçonne, de même, l’existence de probables accointances avec des personnes au sein de la Direction des douanes, puisque les véhicules utilisés sont principalement importés d’Europe et ont passé le contrôle douanier. Ces autobus sont introduits en admission temporaire (AT), avant de recevoir des plaques d’immatriculation et le numéro de châssis correspondant à des véhicules immobilisés. Ils peuvent ainsi rouler en toute impunité, sans faire l’objet d’aucun contrôle.
Selon Assabah, au moins 200 véhicules ont ainsi été «maquillés». L’opération est assurée par un réseau spécialisé, de l’importation des autobus d’occasion des pays européens jusqu’à leur mise en circulation sous de faux documents. L’opération n’est dénuée ni de complexité ni de danger. En effet, pour garder le même numéro de châssis que sur les documents officiels, les membres du réseau sont obligés de prélever une partie de celui du véhicule immobilisé et de le souder sur celui de l’autocar importé. La manipulation n’est pas sans risque pour les usagers, puisque l’autocar ainsi rafistolé ne présente plus les mêmes conditions de sécurité et peut être à l’origine de graves accidents.
A en croire Assabah, ce réseau qui s’active notamment dans les villes de Casablanca, Errachidia, Rabat, Tanger et Béni Mellal, entre autres villes, possède également des ramifications en Europe. Au Maroc, il contrôle plusieurs ateliers de tôlerie, de mécanique et d’électricité auto. D’après le quotidien, une affaire liée à ce réseau est actuellement instruite par la police judiciaire à El Jadida. Plusieurs personnes qui ont maquillé un de ces véhicules font, en effet, l’objet d’une enquête judiciaire pour falsification.