Après deux ans d’instruction et d’audiences marathoniennes, la chambre criminelle de la cour d’appel de Rabat a prononcé, vendredi, son verdict dans une affaire de trafic international de drogue. Il s’agit du procès le plus célèbre qu’a connu ce tribunal depuis une décennie dans lequel sont impliqués des responsables de la police, du ministère de l’Intérieur, de la douane et des services pénitentiaires.
C’est tard dans la nuit de vendredi que la cour a rendu son jugement en condamnant les 42 accusés à des peines cumulées de 176 ans. Parmi eux se trouvent 19 fonctionnaires de police, de la douane et de l’administration pénitentiaire qui ont écopé de peines cumulées de 44 ans de prison ferme. Ils sont tous accusés de trafic international de drogue (chira), de corruption, de complicité et de divulgation du secret professionnel. Le principal accusé, considéré comme un narcotrafiquant notoire, a été condamné à 12 ans de prison pour trafic de drogue et détention d’arme à feu.
Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du lundi 5 novembre, qu’un agent de la douane a été condamné à 20 ans de prison pour avoir facilité le transport de 6,5 tonnes de haschich au passage frontalier de Bab Sebta. Les autorités marocaines avaient saisi la marchandise le 10 avril 2016 alors qu’elle était acheminée vers l’Europe.
Un autre accusé a été condamné à six ans de prison malgré l’épaisseur de son dossier qui le présente comme un élément essentiel dans ce trafic. Il fut d’ailleurs, tout au long du procès, l’objet d’une grande attention, vu la fortune qu’il possède et ses relations avec de hauts responsables de la police et de la gendarmerie. Mais la cour a, selon son intime conviction, considéré qu’il n’était pas impliqué dans ce trafic.
Le tribunal a, par ailleurs, condamné à des peines de prison cumulées de 18 ans cinq hauts responsables de la police dont les grades varient de commissaires principaux, officiers principaux à simples agents. Deux policiers ont quitté la prison, vendredi, après avoir été acquittés en compagnie de l’ancien chef de sécurité d’Inzegane, alias Messi, qui a écopé de deux ans de prison dont un avec sursis.
Outre les peines de prison, la cour a condamné certains accusés à des amendes d’environ 5.000 dirhams. Mais elle a rejeté la demande de saisie des biens immobiliers et la confiscation de sommes d’argent appartenant à certains accusés en faveur de la trésorière nationale ou de l’administration de la douane.
Certains responsables de la police ont bénéficié de circonstances atténuantes en n’écopant que de trois ans de prison au plus. Pourtant, leurs procès verbaux et leurs chefs d’inculpation les destinaient à des peines plus conséquentes avant que la cour ne les disculpe. Par contre, les peines les plus lourdes ont été réservées aux accusés principaux dans ce dossier.