Tanger. Voici l'identité, et le parcours, du propriétaire de l'atelier de confection textile où sont morts 28 ouvriers

Le procès du drame de l’atelier de textile de Tanger, qui avait fait 28 morts en février 2021, aura lieu le 20 mai prochain.

Le procès du drame de l’atelier de textile de Tanger, qui avait fait 28 morts en février 2021, aura lieu le 20 mai prochain. . S. Kadry-Le360

Le patron de l'atelier de textile de Tanger est un jeune entrepreneur, et un ancien ouvrier de cette filière de l'industrie. Voici son parcours, et des questions restées sans réponse jusqu’à aujourd’hui.

Le 11/02/2021 à 13h09

Il s’appelle Adil Boullaili et il est âgé d’à peine 35 ans. C’est à lui qu’appartient l’atelier de textile où 28 ouvriers et ouvrières sont morts, noyés par les flots qui ont assailli cette unité, lundi dernier. «Trois ouvriers sont bien morts par électrocution», nous confirme une source proche de l’enquête en cours, menée par la police judiciaire.

Adil Boullaili a lui-même failli y passer , mais il a été secouru par un groupe d’ouvriers pour être transféré dans une clinique privée où il a été hospitalisé, en état de choc, sous surveillance policière.

Lui-même était ouvrier et il a décidé de donner un nouveau tour à son parcours professionnel en 2017, en créant la société A&M Confection, dont il est l’associé unique, avec un capital social de 100.000 dirhams. Il avait commencé par une première expérience comme associé au sein de la société Vera Moda (dans la zone industrielle de Gzennaya). En juillet dernier, il en a cédé ses parts.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, Adil Boullaili ne fait pas partie des poids lourds de l’industrie du textile et de l’habillement, ni à Tanger, ni au niveau national.

Il ne roule pas sur l’or. Marié depuis à peine deux années, et sans enfants, il loue une maison dans le quartier populaire de Bir Chifa, où réside aussi sa famille.

On dit de lui qu'il a le sens de la famille et de l’amitié. Quand il a crée A&M Confection, il a embauché plusieurs de ses anciens collègues dans d’autres structures, ainsi que des membres de sa famille, dont certains sont morts par noyade ou électrocution.

Impactées par la pandémie, ses affaires ont également pâti de la crise et, selon ses proches, il a dû vendre sa voiture personnelle pour prendre, il y a une quinzaine de jours, un véhicule de location.

Un atelier pas si clandestin que cela!Dans un premier temps, les autorités locales de Tanger ont affirmé que le lieu du drame, qui a coûté la vie à 28 personnes, était un atelier clandestin.

Nos sources, ainsi que nos propres vérifications attestent du contraire. Ainsi, nous apprenons que A&M Confection a été créée en février 2017 sous le registre de commerce n°80.195. Cette société est domiciliée à la même adresse que l’atelier où a eu lieu le drame, soit au Lotissement Anas, n°16, sur la route de Rabat. Cet atelier, loué à une tierce personne pour 12.000 dirhams par mois, a été autorisé à ouvrir par l’annexe administrative 22 de Beni Makada.

L’enquête, selon nos sources, suit toujours son cours, pour déterminer les responsabilités de chacun des intervenants. 

Par Said Kadry avec Mohammed Boudarham
Le 11/02/2021 à 13h09