Alors que certains évoquaient la disparition progressive des souks hebdomadaires, le gouvernement choisit de miser sur leur modernisation pour renforcer l’économie rurale. Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a présenté aux parlementaires un plan d’envergure doté d’une enveloppe d’un milliard de dirhams visant à structurer ces marchés traditionnels en conciliant tradition, modernité et développement local, indique Challenge.
Sur le plan strictement fiscal, les recettes annuelles de la plupart des souks ne dépassent pas 500.000 dirhams, avec des loyers oscillant entre 2.000 et 7.000 dirhams. Des chiffres modestes pour les finances publiques, mais trompeurs. La valeur réelle de ces marchés dépasse largement ces montants. Ils permettent aux agriculteurs et producteurs locaux de commercialiser fruits, légumes et produits artisanaux, créent un réseau d’emplois indirects, dynamisent le commerce de proximité et contribuent au bien-être social des populations rurales.
«Les marchés hebdomadaires ne sont pas de simples lieux de commerce, ce sont des piliers économiques et sociaux pour les territoires ruraux», a rappelé Abdelouafi Laftit. En ce sens, l’investissement d’un milliard de dirhams n’est pas seulement un projet culturel, mais un levier stratégique de développement économique. Le plan prévoit la mobilisation de plusieurs ministères (Intérieur, Agriculture, Industrie et Commerce), ainsi que le soutien des collectivités locales, précise Challenge.
L’objectif est double: améliorer les infrastructures vétustes et professionnaliser la gestion des marchés. Les communes sont encouragées à abandonner les modes traditionnels de gestion (location directe ou administration communale) au profit de modèles plus performants, tels que la gestion déléguée ou la création de sociétés de développement local. Un guide pratique a été mis à disposition pour faciliter cette transition vers une gouvernance durable et efficace.
Les souks hebdomadaires jouent un rôle majeur dans la stabilisation économique des zones rurales, rappelle le magazine. Ils fixent les populations locales, stimulent les échanges commerciaux et représentent, pour certaines communes, une source de revenus non négligeable. Au-delà de leur fonction économique, ils restent des lieux de sociabilité et de cohésion communautaire, renforçant le tissu social et culturel des campagnes.
Malgré leur importance, ces marchés connaissent des limites: infrastructures inadéquates, présence d’intermédiaires multiples, manque de professionnalisation des activités et fragilité face aux aléas économiques ou climatiques.
Le programme gouvernemental vise donc à transformer ces espaces en pôles économiques durables, capables de générer davantage de valeur ajoutée tout en conservant leur fonction sociale et culturelle.
En définitive, le projet de modernisation des souks hebdomadaires illustre une approche économique intégrée: préserver le patrimoine culturel tout en stimulant le développement local et en optimisant la valeur économique de ces lieux de commerce traditionnels. L’investissement d’un milliard de dirhams apparaît ainsi comme un pari stratégique pour l’équilibre et la croissance des territoires ruraux.








