«Smayria»: comment procèdent les guetteurs du roi?

Le cortège royal.. DR

Revue de presseGuetter le cortège royal avec l’espoir de parler au souverain, certains en ont carrément fait une activité à plein temps. Des plans et des stratagèmes sont mis en place pour atteindre cet objectif, quitte à enfreindre la loi. Reportage sur ceux que l’on surnomme les «smayria».

Le 13/04/2023 à 18h57

On les appelle les «smayria». Leur mission: guetter le passage du cortège royal en espérant une rencontre avec le roi Mohammed VI. Bien entendu, leur entreprise n’est pas motivée par le seul fait de voir le souverain de près, ou de prendre une photo souvenir avec lui comme c’est le cas pour de nombreux citoyens. Les «smayria» eux, considèrent une éventuelle rencontre avec le roi comme l’occasion d’une vie, celle de pouvoir transmettre des doléances au souverain.

Dans son édition du vendredi 14 avril, Assabah nous rapproche du profil de ces guetteurs dans un reportage consacré au phénomène. D’emblée, le journal précise qu’il existe deux types de «smayria»: ceux qui guettent le roi lors des activités officielles, à l’instar des inaugurations qu’il a présidées ces derniers jours à Casablanca, et ceux qui préfèrent guetter les sorties privées du souverain lorsqu’il se promène en voiture dans les artères de la ville et que le protocole est moins imposant.

Pour les uns comme pour les autres, l’objectif ultime reste le même: approcher le roi et pouvoir lui parler. Mais pourquoi s’adonnent-ils avec autant de passion et de patience à cette activité? Qu’ont-ils de si important à partager avec le roi? Bien entendu, la réponse à ces questions est claire, et il s’agit évidemment pour eux de présenter des demandes qu’ils espèrent voir exhausser par le roi. 

Assabah s’est même intéressé au contenu des lettres que ces «smayria» portent presque tout le temps sur eux, avec l’espoir de pouvoir les donner un jour au roi. On y retrouve souvent écrites des demandes d’intervention pour trouver un emploi, ou une sollicitation en vue d’obtenir un agrément de transport. D’autres souhaitent une aide pour des personnes à besoin spécifique ou dans des procédures administratives qui tardent. En bref, les contenus de ces lettres destinées au roi sont très variés. 

Mais leurs rédacteurs ont presque tous pour point commun une détermination sans pareille pour atteindre leurs objectifs. Cela les conduit, comme l’écrit le journal, à bien ficeler leurs plans pour éviter le hasard. Ils commencent ainsi par se renseigner sur les lieux où le roi a été le plus aperçu au cours des derniers jours. Ils guettent ensuite dans ces endroits, au point que certains ne s’en éloignent sous aucun prétexte. 

Bien sûr, les «smayria» font preuve d’une qualité hors pair: une patience digne du prophète Ayoub. Pour échapper aux dispositifs sécuritaires qui, pour rappel, interdisent de guetter les passages du roi, certains ont trouvé la solution. Au lieu de rester planter comme des arbres aux endroits ciblés, ils font les cent pas pour passer inaperçus et éviter ainsi des ennuis avec la police. D’autres vont encore plus loin, en se débrouillant pour travailler comme gardiens dans les rues où le passage du roi est espéré.

Tous les moyens sont bons pour les «smayria». Ils considèrent leur objectif comme motivé, même si son atteinte n’est jamais assurée, et que les différents stratagèmes mis en place leur font tout de même courir des risques plus ou moins importants.

Par Fayza Senhaji
Le 13/04/2023 à 18h57