Sextorsion: le business des scandales

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Revue de presseKiosque360. La bourse ou le scandale! Le chantage électronique, communément appelé crime de sextorsion, est devenu un business florissant dans le sillage du développement fulgurant des réseaux sociaux. La justice au Maroc en sait quelque chose, vu l’explosion des plaintes pour chantage.

Le 21/10/2019 à 22h46

Le penchant sexuel est décidément le talon d’Achille du commun des hommes et des femmes, quels que soient leur âge, statut social, professionnel ou marital, voire pays de résidence… C’est fortes de ce point faible que de nombreuses bandes criminelles ont pris d’assaut les réseaux sociaux pour choisir leurs victimes, le plus souvent ciblées pour leur «solvabilité» face au chantage électronique: hauts fonctionnaires, fils et filles de familles riches, ressortissants du Golfe.

Dans son édition du mardi 22 octobre, le quotidien Assabah consacre un gros dossier dans lequel il répertorie de nombreux cas rocambolesques de sextorsion au Maroc, où de nombreuses victimes ont été obligées de verser des sommes colossales à leurs maîtres-chanteurs en vue d’étouffer un scandale garanti sur la toile planétaire.

Ainsi, pour commencer par l’expertise juridique présentée par Assabah, il ressort que le droit pénal marocain reste très clément envers les criminels de la sextorsion, puisque ces derniers encourent une peine maximale de 3 ans de prison assortie de 20.000 dirhams d’amende, en vertu de l’article 447-3. Malgré d’autres articles condamnant diverses sortes d’extorsion, Maître Bouchaib Soufi, avocat au barreau de Rabat, estime que le code pénal marocain est trop «laxiste» vis-à-vis des crimes relevant du chantage électronique, crimes qui peuvent causer de graves dommages aux victimes.

C’est le cas, par exemple, dans les régions du nord du Maroc, où les statistiques des services de sécurité révèlent que ce crime a connu une évolution de plus de 100% en moins de 10 ans. Assabah cite le cas d’un richissime homme d’affaires à Tanger qui a été piégé par une jeune fille ayant, à plusieurs reprises, filmé leurs ébats intimes, avant de s’en servir pour lui soutirer régulièrement des sommes colossales. C’est au bord de la faillite et des nerfs que cet homme s’est finalement adressé à la police judiciaire, qui mettra fin à son calvaire en arrêtant en flagrant délit la fille en question et en mettant la main sur les vidéos avec lesquelles elle faisait chanter l’homme d’affaires.

Relatant un autre cas, Assabah nous apprend qu’un professeur universitaire, affilié à un parti islamiste, a été contacté via facebook par une certaine «Rania la Libyenne», dont le mur est ornementée de la photo d'un beau visage de jeune fille. Au fil des chats sur le réseau social, «Rania» a fini par exiger du professeur des vidéos où il est dénudé et s’adonne à des pratiques obscènes, avant de lui donner rendez-vous à Meknès. A ce rendez-vous, le professeur se trouvera nez à nez avec un as de la cybercriminalité, tout juste âgé de 22 ans, qui exigera une somme de 100.000 dirhams. A défaut, il diffuserait dans la journée les photos compromettantes de sa victime. Un accord sera trouvé pour payer ladite somme en tranches de 10.000 dirhams, le temps pour le professeur de vendre la mèche à la police, qui finira par mettre la main sur ce jeune qui a fait des dizaines d’autres victimes.

Pour d’autres affaires de chantage électronique, comme le cas de ces filles qui se dénudent sur Skype ou les réseaux sociaux, et tombent ainsi dans le piège des réseaux pornographiques qui alimentent ainsi leurs sites, l’expert consulté par Assabah estime qu’elles n’auront que leurs yeux pour pleurer, puisqu’elles sont juridiquement coupables de manque de précautions face à une toile mondiale aux fils inextricables. 

Par Mohamed Deychillaoui
Le 21/10/2019 à 22h46