Le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, a indiqué que son département demeurait intransigeant à l’égard des professionnels de santé qui pratiquent des avortements clandestins. Répondant à une question orale au parlement sur ce sujet, le ministre a déclaré: «L’avortement clandestin est un sujet très sensible qui fait l’objet d’un débat sociétal depuis de nombreuses années. La lutte contre ce fléau nécessite une approche globale qui inclut les volets juridique et de sensibilisation», rapporte Al Ahdath Al Maghribia du vendredi 12 janvier.
Et le ministre de préciser: «Les accords trouvés après des concertations élargies ont montré que l’écrasante majorité s’oriente vers la pénalisation de l’avortement illégal tout en s’exonérant de la responsabilité pénale des cas de force majeure comme la grossesse risquée, la grossesse issue d’un viol ou d’un inceste et les malformations congénitales du fœtus».
L’interruption volontaire de grossesse (IVG) clandestine représente un danger pour les femmes entrainant parfois des complications tragiques. Les estimations des associations qui travaillent dans ce domaine soulignent qu’entre 600 et 800 avortements seraient pratiqués illégalement chaque jour au Maroc, les chiffres officiels évoquant la pratique de 200 IVG chaque jour dans des cabinets médicaux. Le Parlement avait débattu de la question en septembre 2023 quelques semaines après le décès d’une adolescente de 14 ans suite à une IVG chirurgicale clandestine.
En effet, à la mi-septembre, relaie Al Ahdath Al Maghribia, la mort de la petite Meryem dans le village de Boumia avait suscité l’indignation de l’opinion publique. Il faut savoir que le Maroc connait depuis 2015 un vaste débat sur la nécessité de procéder à des modifications de la loi sur cette question pour faire face aux centaines d’interventions clandestines qui se déroulent chaque jour dans des conditions parfois catastrophiques.
En 2016, un projet de loi a été présenté en faveur de l’élargissement de l’accès à l’avortement pour englober les cas de grossesses issues de viol et d’inceste ou de fœtus présentant des malformations congénitales. Mais ce projet a été retiré par la suite.
Le code pénal actuel prévoit une peine de prison de 6 mois à 2 ans pour des femmes qui subissent l’avortement et de 1 à 5 ans pour les personnes qui ont pratiqué cette intervention chirurgicale.