La fermeture, depuis plus de deux ans, du poste frontalier de Sebta a plongé le préside occupé dans une crise aiguë, son économie étant totalement tributaire de la contrebande et, dans une moindre mesure, des touristes en transit, nationaux ou étrangers.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 27 mai, que la crise provoquée par la fin de la contrebande n’a pas commencé avec la fermeture des passages frontaliers mais s’est installée, de manière progressive, bien avant la prise de cette décision. C’est ainsi que le poste frontalier se fermait, de temps à autre, pour lutter contre la grande contrebande, tandis que la surveillance était renforcée sur les voyageurs.
Du coup, les marchandises en provenance de Sebta ne pénétraient plus comme avant sur le territoire national jusqu'au déclenchement de la pandémie qui a accéléré la fermeture, devenue par la suite définitive, de ce passage.
Aujourd’hui, après plus de deux ans de fermeture des frontières et la décision du Maroc de juguler définitivement la contrebande, le plus grand marché de Sebta est presque entièrement déserté. Ce marché appelé «Madraba» est un grand espace composé de plusieurs entrepôts et de grands magasins qui exposent des produits alimentaires, des appareils ménagers et des tissus qui étaient vendus à bas prix car exonérés d’impôts.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte que ces dépôts truffés de différentes marchandises, ainsi que les magasins qui connaissaient quotidiennement une grande affluence, sont aujourd’hui désespérément vides. Même la route qui mène au marché est vide alors qu’elle grouillait de monde les week-ends et jours fériés.
Seuls quelques magasins sont encore ouverts ici et là car leurs propriétaires ont réussi à fidéliser certains clients résidents. La plupart d’entre eux habitent près du marché et s’y rendent pour bénéficier de certaines réductions imposées par la crise et la rareté des clients. Ainsi, la plupart des commerçants n’ont plus d’espoir dans le retour de la contrebande et ont transformé leurs magasins en dépôts pour stocker les marchandises.
L’un des employés de ce marché a indiqué que «les loyers de ces magasins qui avoisinaient le 20.000 dirhams par mois ne dépassent plus aujourd’hui 3.500 dirhams comme entrepôts». D’autres commerçants ont vendu leurs magasins à bas prix pour ne plus continuer à payer, à perte, impôts et autres frais. Le peu de commerçants restés sur le marché espèrent le retour des visiteurs dans le cadre de facilités que les autorités marocaines et espagnoles accordent aux voyageurs transitant dans les deux sens. Ils sont convaincus que le temps de la contrebande est révolu mais attendent une décision audacieuse qui définirait un plafond d’achats qui serait accordé aux Marocains habilités à entrer dans la ville occupée de Sebta.