Scorpions, serpents et envenimations: le Maroc face à un défi annuel de santé publique

Rachida Soulaymani-Bencheikh, directrice du Centre antipoison et de pharmacovigilance.

Le 01/07/2025 à 19h03

VidéoLe Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc enregistre chaque année en moyenne 25.000 cas de piqûres de scorpion et environ 250 cas de morsures de serpent. Une semaine de sensibilisation nationale a été lancée mardi 1er juillet 2025. Les détails.

Le Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc a indiqué, lors d’une rencontre avec la presse, que les piqûres de scorpion et les morsures de serpent constituent un risque majeur pour la santé publique au Maroc, en particulier dans les zones rurales. Le Maroc a réussi à développer sa stratégie de prévention et de lutte contre de telles morsures.

La directrice du centre, Rachida Soulaymani-Bencheikh, a mis l’accent sur la thérapie car le sérum anti-venin n’est plus efficace pour soigner une morsure de scorpion. «Cette solution n’est plus adaptée à la piqure, qu’elle soit blanche, sans trop de conséquences graves, ou aiguë», a affirmé la professeure.

Grâce aux stratégies nationales multisectorielles, «le Maroc a significativement réduit les taux de létalité, passant de 2,37% à 0,14% pour les piqûres de scorpion, et de 7,2 % à 1,9 % pour les morsures de serpent». Néanmoins, le pays n’a pas atteint le niveau zéro de décès.

Au Maroc, selon un communiqué, «la prise en charge des cas de piqûres de scorpion repose sur une approche thérapeutique intégrée, fondée sur des bases scientifiques solides. Elle s’appuie sur le déploiement annuel d’unités de soins à travers toutes les régions du Royaume». Ces dernières sont conçues pour répondre efficacement aux caractéristiques des espèces de scorpions présentes au Maroc, en tenant compte de leur niveau de toxicité, a-t-on ajouté.

Cette approche a été retenue à la lumière des résultats de la majorité des études scientifiques, menées tant au niveau national qu’international, qui ont mis en évidence l’efficacité limitée de l’antivenin dans la réduction de la mortalité ou l’amélioration des chances de guérison. En conséquence, ce traitement a été retiré du protocole national depuis 2001.

En ce qui concerne les envenimations liées aux morsures de serpent, a ajouté le communiqué, la stratégie nationale de prise en charge inclut l’utilisation d’un sérum antivenin spécifique aux espèces de serpents présentes au Maroc. Le ministère assure annuellement sa distribution et sa répartition, en fonction des besoins des différentes régions. Des quantités suffisantes sont actuellement disponibles pour garantir une prise en charge adéquate des patients.

Le ministère appelle l’ensemble des citoyens, en particulier dans les zones à risque, à adopter des mesures de prévention simples afin d’éviter les piqûres et les morsures. En cas d’envenimation, souligne-t-on, «il est important de se rendre immédiatement dans l’établissement de santé le plus proche, tout en évitant le recours aux pratiques traditionnelles susceptibles d’aggraver l’état de santé».

Le ministère recommande également de contacter en urgence le Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc, joignable 24h/24 et 7j/7 au numéro économique 080 100 01 80.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mennan
Le 01/07/2025 à 19h03