Les vacances scolaires touchent bientôt à leur fin et les élèves de plusieurs provinces n’ont toujours pas reçu leurs bulletins de notes au titre du premier semestre de l’année scolaire 2022-2023. Une situation qui a poussé leurs parents à hausser le ton en pointant du doigt les enseignants, qui auraient refusé de saisir les notes des contrôles continus sur la plateforme Massar.
«De nombreux élèves au niveau de plusieurs provinces et communes n’ont toujours pas pu récupérer leurs bulletins à cause du boycott mené par des groupes d’enseignants», dénonce Noureddine El-Akouri, président de la Fédération nationale des associations de parents et tuteurs d’élèves, contacté par Le360.
D’après lui, il s’agit d’une manœuvre des enseignants pour mettre la pression sur le ministère de l’Éducation nationale pour faire valoir leurs dossiers revendicatifs. «Ce n’est malheureusement pas la première fois que les élèves sont entraînés dans le différend entre le ministère et les syndicats et collectifs des enseignants. Les élèves et leurs parents sont malheureusement le maillon le plus faible du système éducatif», déplore-t-il.
Et ce sont justement ces élèves qui risquent de subir les répercussions de la position des enseignants ayant refusé de saisir les notes du premier semestre. Comme l’explique Noureddine El-Akouri, en plus de l’impact négatif sur la psychologie des élèves, cette décision risque de chambouler le déroulement normal de l’année scolaire en cours.
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«Après avoir fourni des efforts tout au long du semestre, ces enfants se voient refuser l’obtention de leurs bulletins. Cela va sans dire qu’ils sont frustrés et démoralisés, ce qui pourrait même se refléter sur leur performance dans les mois à venir», alerte le président de la Fédération nationale des associations de parents et tuteurs d’élèves. Et d’ajouter: «Il ne faut pas oublier non plus que les conseils de classes n’ont pas pu se réunir à la fin de ce premier semestre, vu que les notes de plusieurs matières n’ont pas été saisies sur Massar.»
En effet, il suffit que la note d’une seule matière ne soit pas saisie pour qu’il devienne impossible d’obtenir le bulletin de notes, explique El-Akouri, soulignant que «ce retard, pour ne pas dire blocage, aura des impacts aussi bien au niveau administratif qu’organisationnel, notamment pour les élèves des troisièmes années du collège et du lycée».
Une tâche qui «ne relève pas des fonctions des enseignants»
Le refus des enseignants de saisir les notes des épreuves sur la plateforme Massar constitue une forme de protestation «légitime» et à «double objectif», affirme Abdellah Ghmimat, secrétaire général de la Fédération nationale de l’enseignement (FNE). Celui-ci explique que les enseignants concernés sont ceux dits «contractuels», les enseignants agrégés, les exclus du grade «hors échelle», ainsi que les enseignants de la «cellule 10» (les enseignants recrutés à l’échelle 9 ayant exercé dans les écoles publiques pour une période dépassant les 15 ans sans être promus à l’échelle 10).
Joint par Le360, le syndicaliste indique que «face au refus du ministère de répondre aux revendications légitimes de ces enseignants qui luttent depuis de longues années pour obtenir leurs droits, ceux-ci ont décidé de mener cette nouvelle forme de protestation». Egalement, «c’est un moyen pour dénoncer les retenues sur salaire pour fait de grève».
Ghmimat souligne, par ailleurs, que la saisie des notes sur la plateforme Massar ne relève pas des fonctions des enseignants: «La tâche de l’enseignant s’achève lorsque ce dernier corrige les copies des examens et soumet les notes à l’administration.»
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Dans ce sens, il rappelle que les enseignants dénoncent depuis plusieurs années le fait que cette tâche leur soit imposée. «Normalement, ce sont des cadres administratifs au sein des établissements qui doivent saisir les notes sur la plateforme digitale, mais cette tâche a été imposée aux enseignants par les établissements scolaires», indique notre interlocuteur, ajoutant que cette tâche requiert des efforts considérables et un volume horaire conséquent de la part de ces enseignants, sans qu’ils ne perçoivent aucune indemnité.
«En moyenne, les élèves passent entre 3 et 5 épreuves par semestre. Les enseignants sont donc tenus de corriger des centaines de copies, et en plus, on leur impose de saisir les notes de chacune de ces épreuves sur la plateforme. Ils ont tout à fait le droit de protester contre cela», conclut le syndicaliste.
«Un simple retard»
Si plusieurs académies provinciales ont appelé les directeurs des établissements scolaires concernés à veiller à ce que les notes soient saisies et à ce que les bulletins soient remis aux élèves, le ministère n’a, quant à lui, toujours pas réagi officiellement.
Contactée par Le360, une source au sein du département que dirige Chakib Benmoussa estime qu’«il ne s’agit pas d’un véritable problème, mais d’un simple retard au niveau de certains établissements». Et d’expliquer que «le rythme selon lequel les notes sont saisies diffère d’une province à une autre et d’un établissement à un autre, et donc il y a chaque année de légères irrégularités».