Résultats contestés au concours de l’Entraide nationale: des candidats dénoncent des irrégularités majeures

Fronton des locaux centraux de l'administration de l'Entraide nationale, à Rabat.

Revue de presseLa publication des résultats du dernier concours de recrutement à l’Entraide nationale, le 10 décembre 2025, déclenche une vague de protestations. Des candidats dénoncent des contradictions entre les listes officielles et celles diffusées sur emploi.ma, évoquant favoritisme, manipulations et violations des règles de transparence, tandis que la direction de l’institution reste silencieuse face à ces accusations. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 30/12/2025 à 19h17

Des candidats à la dernière session de recrutement de L’Entraide nationale ont récemment dénoncé de graves anomalies affectant les résultats publiés le 10 décembre 2025. Ces irrégularités ne se limitent pas aux simples scores ou listes de succès, mais touchent la manière dont les résultats ont été préparés, mis à jour et diffusés, portant selon les observateurs atteinte aux principes de transparence et d’égalité des chances. Les protestations des candidats lésés ont rapidement pris de l’ampleur, révélant des contradictions documentées entre les listes des admis publiées sur le site officiel de l’institution et celles diffusées sur emploi.ma, plateforme officielle de publication des concours et de leurs résultats, relate le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce mercredi 31 décembre.

Selon Al Ahdath Al Maghribia, ces divergences ne sont pas anecdotiques. Elles concernent des noms spécifiques, certains absents des listes des candidats autorisés à passer l’oral, mais apparaissant sur la liste des admis, notamment dans la catégorie des techniciens en informatique de troisième grade. Les informations recueillies par le quotidien indiquent que sept listes contenant chacune 19 admis ont été publiées initialement, suivies d’une huitième liste de quatre noms sur le site précité, tandis que sur le site officiel de l’institution, la huitième liste n’en comptait que trois, incluant un candidat qui n’avait même pas été convoqué à l’épreuve orale.

Ce qui alimente encore plus le doute, c’est que le site officiel a procédé à des modifications des listes après la montée des protestations. Les candidats ont créé des groupes de discussion sur WhatsApp pour partager différentes versions des résultats et menacer de recourir à des instances de médiation afin de dénoncer ce qu’ils considèrent comme une manipulation des procédures. Ce contexte soulève une question: dans quelle mesure les résultats ont-ils pu être révisés sous pression et qui a pris la décision de modifier des listes officielles sans émettre aucun communiqué explicatif?

Les candidats, pour la plupart jeunes et venus de différentes régions du royaume, ont dû se déplacer dans un premier temps vers les trois villes ayant accueilli les épreuves écrites, à savoir Beni Mellal, Errachidia et Oujda, puis vers Rabat pour ceux ayant réussi l’oral. Ils ont préparé une plainte collective destinée aux instances de médiation, dénonçant la présence de noms dans la liste finale qui n’étaient pas présents aux oraux. Si ces accusations étaient confirmées officiellement, elles constitueraient une violation grave des règles du concours public, transformant un processus compétitif en un parcours potentiellement dirigé, souligne Al Ahdath Al Maghribia. Les protestataires pointent également un regroupement significatif de certaines familles dans les listes finales, laissant présager des pratiques de favoritisme fondées sur des affiliations tribales ou régionales.

Les anomalies constatées ne dérogent pas aux pratiques de recrutement passées au sein de l’institution, où le népotisme et les arrangements ont souvent prévalu, favorisant l’embauche de proches de responsables administratifs, syndicaux ou liés à des partis politiques. Les données recueillies suggèrent l’influence persistante d’un ancien inspecteur général de l’institution, ce qui soulève des questions de conflits d’intérêts et la prédominance du critère de loyauté sur celui de compétence.

Dans ce contexte, les sources indiquent que le nouveau management de l’institution n’a pas réussi à créer une véritable «élite administrative», mais a plutôt constitué une structure servant à distribuer des postes selon des affinités et des fidélités personnelles. L’échec de cette direction s’est manifesté lors de ce dernier concours, caractérisé par l’improvisation et un manque de responsabilité nationale, laissant de nombreux jeunes candidats déçus.

Cette controverse soulève également un enjeu politique: la ministre de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, Naima Benyahia, exerce-t-elle toujours un contrôle effectif sur l’institution? Des sources concordantes citée par Al Ahdath Al Maghribia estiment que le directeur de L’Entraide nationale agit désormais avec une large marge d’autonomie, prenant des décisions qui ne passent pas nécessairement par les canaux ministériels traditionnels, dans un contexte influencé par les équilibres internes au parti de l’Istiqlal et le poids de ses instances centrales et régionales.

Les candidats exigent non seulement l’annulation des résultats, mais aussi la publication de la version originale, la clarification des modifications apportées, la désignation des responsables et la mise en œuvre effective du principe de responsabilité afin de restaurer la confiance dans une institution sociale qui devrait servir de modèle de probité. La controverse révèle une crise de confiance profonde, menaçant la crédibilité d’un établissement censé incarner l’intégrité et l’égalité dans le service public.

Par La Rédaction
Le 30/12/2025 à 19h17