Un message porteur d’une vision inclusive et solidaire et d’une exigence morale: replacer la responsabilité individuelle et la conscience professionnelle au centre de l’action publique et citoyenne.
Ce message n’est pas seulement une orientation économique. C’est une interpellation éthique. Le développement ne peut être équilibré que si chaque citoyen assume pleinement sa mission, avec discipline et rigueur.
Les réformes les plus ambitieuses ne porteront leurs fruits que si chacun, du plus haut responsable au plus simple agent, fait son travail correctement, avec foi et sérieux.
L’équité sociale et la justice territoriale passent d’abord par la qualité du travail quotidien. Si chaque acteur accomplit sa tâche avec intégrité, le pays tout entier avance. Si, au contraire, la négligence s’installe, le déséquilibre s’aggrave.
Ce qui inquiète, ce n’est pas l’absence de projets, mais l’absence de responsabilité personnelle et de discipline dans l’exécution des tâches. Prenons le cas des hôpitaux. Si chaque médecin, chaque infirmier, chaque cadre administratif, chaque agent de sécurité remplissait sa mission avec humanité, rigueur et éthique, les malades seraient mieux reçus, mieux orientés et plus confiants. Une telle amélioration, à elle seule, réduirait les frustrations et atténuerait la pression sur les infrastructures.
L’enseignant qui respecte la dignité de ses élèves, qui transforme le programme scolaire en un espace d’éveil, de critique et de dialogue, applique ses valeurs avec discipline et conscience professionnelle. Il répare les failles d’un système dépassé, redonne sens à l’éducation et favorise la citoyenneté. La contribution individuelle devient un acte de développement collectif.
Mais quand cette conscience professionnelle s’efface, les conséquences deviennent visibles et coûteuses.
Un exemple parmi tant d’autres. Casablanca, boulevard Panoramique. Les travaux récents de réfection de la chaussée et du marquage ont été salués par les usagers. Mais dans les rues perpendiculaires, les plaques de stop n’ont jamais été remises. Résultat: confusion, embouteillages et insécurité routière.
À qui incombe cette négligence? Aux ouvriers? Au chef de chantier? Qui contrôle qui?
Sur ce même boulevard, des ouvriers creusent des tranchées pour des câbles électriques. Après les avoir bouchés, ils les creusent à nouveau une semaine après pour la fibre optique. Manque de coordination entre services, budget gaspillé, habitants dérangés, temps perdu.
Souvent, des bouches d’égout, laissées en dessous du niveau de la chaussée, se transforment en crevasses. Les conducteurs freinent brusquement ou dévient leur trajectoire pour les éviter, au risque de provoquer des accidents. Pire encore, les tranchées mal rebouchées deviennent des collines au milieu de la route.
Une route mal nivelée secoue les usagers, endommage véhicules et motos, provoque des accidents et crée un sentiment d’abandon. Ce ne sont pas seulement des erreurs techniques. Ce sont des défaillances morales, le reflet d’un travail accompli sans rigueur et conscience professionnelle… Sans contrôle, sans suivi.
C’est la mentalité du zayède-nakess, l’à-peu-près, qui freine la progression du pays. Un Maroc équilibré, inclusif et prospère ne peut se construire sur la complaisance, mais sur l’exigence du travail bien fait.
Les mécanismes de contrôle existent, mais leur efficacité dépend de la volonté de les appliquer. Le contrôle est indispensable. C’est un outil de progrès collectif. Il garantit la qualité, protège les citoyens et renforce la confiance entre l’État et la société.
La responsabilité est partagée. Chaque maillon, ouvrier, enseignant, médecin, fonctionnaire, élu, ou jeune citoyen doit rendre compte de son travail et de son comportement.
Un pays ne se transforme pas uniquement par des projets d’envergure, mais également par des gestes quotidiens, accomplis avec discipline et rigueur. Une route bien refaite, une plaque de stop remise, un malade bien soigné, un élève bien accompagné, une procédure administrative traitée en respectant les délais, le dévouement d’un jeune responsable et engagé: autant d’actes simples qui, cumulés, bâtissent une nation solide, juste et confiante.
En plaçant la réduction des inégalités et le développement équilibré du territoire au centre des politiques publiques, le Roi trace la voie d’un modèle inclusif et solidaire, où la croissance devient bénéfique à tous. Mais ce modèle ne prendra vie que si chaque citoyen, à son poste comme dans ses comportements, comprend que le développement collectif commence par la responsabilité individuelle et l’application concrète de valeurs de discipline, rigueur, éthique et civisme.
Les jeunes réclament un pays où la compétence prime sur le statut, où la transparence remplace l’arbitraire, et où la qualité du service rendu devient la véritable mesure du mérite. Mais pour être crédibles et cohérentes, ces générations doivent aussi incarner ces valeurs.
Réclamer ses droits, oui. Mais sans oublier que toute liberté s’accompagne de devoirs. Être acteur du changement, c’est refuser la contradiction entre les principes que l’on défend et les comportements que l’on adopte.
Le respect du travail, de la discipline, de la rigueur, de l’intégrité et du civisme doit commencer par soi-même. C’est à ce prix que la jeunesse deviendra le véritable moteur d’un Maroc nouveau. C’est à ce prix que seront réduites les inégalités pour un développement équilibré du territoire.






